Capcom : des jeux d’arcade aux blockbusters modernes

Fondation et contexte historique

L’histoire de Capcom commence avec un homme : Kenzo Tsujimoto. Né en 1940 dans la préfecture de Nara, au Japon, il ne se destine pas immédiatement à l’univers du jeu vidéo, à l’inverse d’autres créateurs dont nous avons pu parler.

Dans les années 1970, alors que l’industrie vidéoludique n’en est encore qu’à ses balbutiements, Tsujimoto est un entrepreneur visionnaire qui fait ses débuts dans un secteur bien différent : le commerce de confiseries.

Pourtant, il sent rapidement le potentiel des jeux électroniques et décide de bifurquer vers ce domaine en plein essor.

En 1974, il fonde I.R.M. Corporation et Japan Capsule Computers, deux entreprises spécialisées dans la fabrication et la distribution de machines de jeux électroniques destinées aux salles d’arcade.

À cette époque, les jeux vidéo sont encore rudimentaires, mais leur popularité croissante pousse de nombreuses entreprises japonaises à s’y intéresser.

Quelques années plus tard, Tsujimoto restructure son activité et fusionne les deux entreprises en une seule entité : Sambi Co., Ltd.

C’est finalement le 11 juin 1983 que la véritable aventure Capcom voit le jour.

Le studio Capcom Co., Ltd. est officiellement créée, absorbant le département des ventes internes de Sambi et prenant un virage stratégique : ne plus se contenter de distribuer des machines, mais développer et éditer ses propres jeux vidéo.

Ce choix marque un tournant décisif et ouvre la voie à ce qui deviendra l’un des studios les plus influents de l’histoire du jeu vidéo.

Si vous vous posez la question, le nom “Capcom” est une contraction de “Capsule Computers”, un terme inventé par l’entreprise pour désigner ses jeux d’arcade.

L’idée derrière ce nom est simple : proposer une expérience ludique de qualité, encapsulée dans des machines robustes et attractives, se distinguant ainsi des ordinateurs personnels qui commencent à s’imposer dans les foyers.

Capcom souhaite donc associer ses productions à une image d’excellence et de durabilité, un credo qui restera l’une des pierres angulaires de son succès.

Les premiers succès

Une entreprise peut avoir les meilleures ambitions du monde, encore faut-il qu’elle puisse les concrétiser.

Dès 1984, Capcom se jette dans le grand bain avec Vulgus, son tout premier jeu d’arcade.

Il s’agit d’un shoot ’em up à défilement vertical où le joueur pilote un vaisseau spatial devant affronter des vagues d’ennemis dans un décor futuriste.

Bien que le titre ne connaisse pas un succès retentissant, il marque les premiers pas du studio dans la création vidéoludique et lui permet de poser les bases de son savoir-faire en matière de design et de gameplay.

C’est aussi en 1984 que Capcom trouve son premier véritable hit : 1942.

Ce shoot ’em up, qui met en scène un pilote de la Seconde Guerre mondiale affrontant des escadrilles ennemies, se démarque par son gameplay addictif et exigeant.

Les mécaniques de jeu, bien rodées, offrent une courbe de progression engageante tandis que la direction artistique épurée et efficace assure une lisibilité optimale en plein combat.

Le jeu connaît un succès retentissant, s’exporte à l’international et assoit la réputation naissante de Capcom sur la scène vidéoludique.

Avec 1942, le studio prouve qu’il est capable de proposer des expériences immersives et captivantes à une époque où les jeux d’arcade sont encore très limités en termes de technologie.

Ce premier succès ouvre la voie à une expansion rapide et à des productions plus ambitieuses.

Très vite, l’entreprise comprend que pour s’imposer durablement, elle doit créer des licences fortes et innover dans le game design.

Les bases sont posées. Capcom ne va pas tarder à entrer dans la cour des grands avec des jeux qui marqueront à jamais l’histoire du média.

À la fin des années 80, Capcom entame une phase d’expansion qui va le propulser parmi les géants du jeu vidéo.

Jusqu’ici, le studio a démontré son savoir-faire avec plusieurs jeux d’arcade à succès, mais pour s’imposer durablement, il doit miser sur des licences fortes et facilement identifiables par les joueurs.

C’est précisément ce qui va se produire en 1987, une année charnière pour l’entreprise, marquée par l’arrivée de deux franchises majeures : Mega Man et Street Fighter.

Commençons avec le personnage de Mega Man, connu sous le nom de Rockman au Japon.

Cette licence pose les bases d’un gameplay novateur.

Contrairement aux jeux de plateforme traditionnels, où la progression est linéaire, Mega Man permet aux joueurs de choisir l’ordre des niveaux, ce qui apporte une dimension stratégique inédite.

De plus, chaque boss vaincu offre une nouvelle capacité au héros, une mécanique qui deviendra la signature de la saga et influencera de nombreux jeux par la suite.

Avec son esthétique colorée et sa difficulté équilibrée, Mega Man devient instantanément un incontournable et donne naissance à de nombreuses suites.

Dans un registre totalement différent, Street Fighter voit également le jour en 1987.

Ce premier opus, bien que novateur en introduisant un système de combats en un contre un, souffre d’un gameplay encore rigide et imprécis.

Car c’est en 1991 que Capcom frappe un grand coup avec Street Fighter II, un titre qui va changer l’histoire du jeu vidéo.

Véritable phénomène culturel, ce jeu offre des mécaniques de combat précises et équilibrées, un roster de personnages varié, chacun avec ses propres coups spéciaux et styles de combat, et surtout une dimension compétitive totalement inédite.

Grâce aux combinaisons de touches permettant d’exécuter des attaques spéciales et à un système de jeu plus fluide, les duels deviennent plus techniques et stratégiques.

Street Fighter II ne se contente pas d’être un succès commercial : il popularise les tournois de jeux vidéo, notamment dans les salles d’arcade où les joueurs s’affrontent pour prouver leur maîtrise des combos et des techniques.

Son impact est tel qu’il influence profondément l’essor de l’e-sport et définit les standards du jeu de combat moderne.

Des décennies plus tard, cette influence est toujours visible dans des séries comme Tekken, Mortal Kombat ou The King of Fighters, qui empruntent toutes à la formule perfectionnée par Capcom.

Période de transition

Au début des années 2000, Capcom est confronté à un marché du jeu vidéo en pleine mutation, marqué par l’évolution des technologies et des attentes des joueurs.

Pour s’adapter, l’entreprise décide de miser sur l’innovation en créant des titres originaux qui se démarquent de ses franchises établies.

C’est dans cette optique que naît, en juillet 2004, Clover Studio, une filiale dédiée à la conception de jeux novateurs. 

Sous la direction d’Atsushi Inaba, le studio développe des œuvres acclamées par la critique, telles que Viewtiful Joe, Ōkami et God Hand.

Malgré leur qualité et l’enthousiasme des médias spécialisés, ces jeux peinent à trouver leur public et enregistrent des ventes décevantes.

Face à cette réalité économique, Capcom annonce en octobre 2006 la dissolution de Clover Studio, effective en mars 2007, dans le but de recentrer ses ressources et d’améliorer son efficacité opérationnelle.

Cette fermeture marque un tournant pour Capcom qui entreprend une réévaluation de ses stratégies de développement.

Consciente des défis posés par un marché en constante évolution, l’entreprise reconnaît la nécessité d’adopter de nouvelles approches technologiques pour rester compétitive et continuer de répondre aux attentes des joueurs.

Adoption de nouvelles technologies

Dans cette dynamique de transformation, Capcom investit dans le développement d’un moteur de jeu interne capable de soutenir ses ambitions créatives et techniques.

C’est ainsi qu’en 2006, le studio dévoile le MT Framework, un moteur conçu pour exploiter pleinement les capacités des consoles de septième génération, telles que la PlayStation 3 et la Xbox 360, ainsi que les PC.

L’acronyme « MT » reflète la polyvalence du moteur, il signifie Multi-Thread », « Meta Tools » et « Multi-Target ».

Le MT Framework est rapidement adopté pour le développement de titres majeurs de Capcom.

Parmi les premiers jeux à en bénéficier figurent Dead Rising et Lost Planet: Extreme Condition, tous deux sortis en 2006.

Ce moteur permet d’améliorer significativement la qualité graphique et la fluidité du gameplay, tout en facilitant le développement multiplateforme.

Cette approche unifiée réduit les coûts et les délais de production, tout en assurant une cohérence technique et artistique sur l’ensemble des projets.

Au fil des années, le MT Framework évolue pour s’adapter aux nouvelles plateformes et aux avancées technologiques.

Des versions spécifiques, telles que le MT Framework Lite pour la Wii et le MT Framework Mobile pour les consoles portables comme la Nintendo 3DS et la PlayStation Vita, sont développées.

Ces adaptations permettent à Capcom de proposer des expériences de jeu optimisées sur une variété de supports, tout en conservant une base technologique commune.

Retour en force

Après une période de transition marquée par des remises en question et une adaptation aux nouvelles réalités du marché, Capcom entame les années 2010 avec une volonté affirmée de retrouver son statut de leader du jeu vidéo.

Cette renaissance repose sur une stratégie claire : revitaliser ses licences emblématiques tout en introduisant des innovations capables de séduire un public toujours plus exigeant.

Le premier véritable coup d’éclat de cette stratégie survient en 2017 avec Resident Evil 7: Biohazard.

Alors que la saga Resident Evil avait progressivement glissé vers l’action, au détriment de son ADN horrifique, Capcom prend le pari audacieux de revenir aux sources du survival horror.

Pour renforcer l’immersion, le jeu adopte une perspective à la première personne, une première dans l’histoire de la série.

Ce choix, qui aurait pu dérouter les fans, s’avère être un pari gagnant.

Avec son ambiance oppressante, son level design intelligent et son récit prenant, Resident Evil 7 séduit immédiatement.

Il rencontre un succès commercial impressionnant, dépassant les 10 millions d’unités vendues, tout en étant salué par la critique pour son retour aux fondamentaux du genre.

Un an plus tard, en 2018, Capcom frappe encore plus fort avec Monster Hunter: World.

Longtemps considérée comme une série de niche, principalement populaire au Japon, Monster Hunter bénéficie cette fois d’un traitement pensé pour séduire un public plus large.

Capcom repense ses mécaniques pour les rendre plus accessibles tout en préservant la profondeur tactique qui a fait la renommée de la franchise.

Le pari s’avère payant : Monster Hunter: World devient le plus grand succès commercial de l’histoire de Capcom, avec plus de 21,3 millions d’exemplaires écoulés.

Grâce à cet immense succès, la saga atteint une résonance mondiale, attirant aussi bien les vétérans que de nouveaux joueurs curieux de découvrir l’univers riche et exigeant de Monster Hunter.

Ces deux jeux illustrent parfaitement la nouvelle philosophie de Capcom : capitaliser sur les forces de ses licences historiques tout en les réinventant pour répondre aux attentes du marché contemporain.

Cette approche ne se limite pas à Resident Evil et Monster Hunter, mais s’étend à d’autres franchises, comme Devil May Cry, Street Fighter ou encore Mega Man, qui connaissent à leur tour un second souffle grâce à des épisodes modernisés et techniquement aboutis.

Innovation continue

Pour accompagner ce renouveau, Capcom mise également sur l’innovation technologique, un domaine dans lequel l’entreprise a toujours su se démarquer.

Conscient que des graphismes et une fluidité irréprochables sont devenus des critères essentiels pour séduire les joueurs, le studio développe un moteur graphique interne : le RE Engine (Reach for the Moon Engine).

Introduit pour la première fois avec Resident Evil 7: Biohazard, ce moteur propriétaire offre une puissance de rendu exceptionnelle, permettant des environnements réalistes, des animations détaillées et une gestion de la lumière avancée.

Son efficacité se traduit par des performances optimisées, aussi bien sur consoles que sur PC, et par une flexibilité qui facilite le développement multiplateforme.

Face à un tel succès, Capcom adopte rapidement le RE Engine comme technologie de référence pour ses futurs jeux.

Il est ainsi utilisé pour plusieurs productions majeures, notamment Devil May Cry 5, Resident Evil 2 Remake, Resident Evil 3 Remake, mais aussi des titres plus récents comme Street Fighter 6 et Monster Hunter Rise.

Cette capacité à exploiter un moteur unique sur divers genres de jeux témoigne de la polyvalence du RE Engine, qui s’impose aujourd’hui comme l’un des outils les plus performants de l’industrie.

Son optimisation constante permet à Capcom de proposer des titres à la pointe de la technologie, tout en conservant une direction artistique forte et immersive.

En parallèle, Capcom explore une autre voie technologique majeure : l’intelligence artificielle générative.

Cette technologie, en pleine expansion dans l’industrie du jeu vidéo, vise à automatiser certaines tâches de développement, notamment dans la création d’environnements ou l’animation des personnages non-joueurs.

Le projet Monster Hunter Wilds, prévu pour 2025, illustre cette ambition.

Capcom y utilise l’IA générative pour concevoir des écosystèmes dynamiques où les monstres réagissent de manière plus naturelle à leur environnement et aux actions du joueur.

Cette innovation promet d’apporter des interactions plus organiques et imprévisibles.

Resident Evil 7: Biohazard

Nous l’avons vu, en 2017, Capcom a marqué un tournant décisif avec la sortie de Resident Evil 7: Biohazard.

Le studio renoue avec les racines du survival horror qui avaient fait le succès de la franchise.

Pour offrir une expérience immersive et terrifiante, le jeu adopte une perspective à la première personne, une nouveauté dans la série principale.

Ce choix plonge les joueurs au cœur de l’action, limitant leur champ de vision et accentuant le sentiment de vulnérabilité face aux horreurs qui les guettent.

Cette approche a été saluée pour sa capacité à renouveler l’intérêt des fans tout en attirant une nouvelle audience. 

Le jeu a été développé en utilisant le RE Engine.

Ce moteur permet de créer des environnements détaillés et réalistes, renforçant l’atmosphère oppressante du jeu.

Les textures haute résolution, les jeux de lumière dynamiques et les animations fluides contribuent à une immersion totale et rendent chaque recoin de la sinistre plantation des Baker palpable et menaçant.

Le succès critique et commercial de Resident Evil 7: Biohazard a démontré la pertinence de cette approche, revitalisant une franchise emblématique tout en posant les bases pour ses futures itérations.

Monster Hunter: World

Avec la sortie de Monster Hunter: World en 2018, Capcom a entrepris d’élargir l’audience de la série en s’adressant au marché occidental.

Pour ce faire, le jeu propose des environnements vastes et détaillés, offrant aux joueurs un monde vivant et dynamique à explorer.

Les écosystèmes sont riches et interconnectés, chaque créature interagissant de manière réaliste avec son habitat et les autres espèces. Cette attention portée aux détails crée une expérience immersive où chaque chasse est unique.

L’interface utilisateur a été repensée pour être plus intuitive, facilitant l’accès aux nouveaux joueurs sans sacrifier la profondeur appréciée des vétérans.

De plus, le mode multijoueur a été amélioré, permettant une coopération en ligne plus fluide et engageante.

Ces choix stratégiques ont porté leurs fruits, faisant de Monster Hunter: World l’un des titres les plus vendus de Capcom et établissant la série comme un pilier du jeu d’action à travers le monde.

Street Fighter V

Lancé en 2016, Street Fighter V représente une étape importante dans l’évolution de la célèbre franchise de jeux de combat.

Capcom a adopté une approche de service en direct, proposant des mises à jour régulières pour enrichir le contenu et maintenir l’engagement de la communauté.

Cette stratégie a permis d’introduire de nouveaux personnages, stages et modes de jeu, assurant une fraîcheur constante au titre. 

Parallèlement, une attention particulière a été portée à la scène e-sport, avec des tournois officiels et un soutien actif aux compétitions, consolidant la position de Street Fighter V dans le paysage compétitif.

Sur le plan technique, le jeu utilise des technologies modernes pour offrir des combats en ligne fluides et compétitifs.

L’infrastructure réseau a été optimisée pour réduire la latence, garantissant des affrontements en ligne aussi réactifs que les duels en local.

Cette combinaison d’innovations techniques et de soutien communautaire a permis à Street Fighter V de s’imposer comme une référence incontournable dans le genre des jeux de combat.

Depuis sa fondation en 1983, Capcom a su se positionner comme un pilier incontournable de l’industrie du jeu vidéo en créant des franchises emblématiques telles que Resident Evil, Street Fighter et Mega Man.

En 2025, l’entreprise continue de démontrer son engagement envers l’innovation et l’adaptation aux évolutions du marché.

Parmi les projets phares de cette année, Monster Hunter Wilds se distingue particulièrement.

Prévu pour une sortie le 28 février 2025 sur PlayStation 5, Xbox Series XS et PC via Steam, ce nouvel opus promet d’immerger les joueurs dans des biomes dynamiques et changeants, peuplés de créatures redoutables telles que le Jin Dahaad et un mystérieux Rathalos.

Capcom a également annoncé des mises à jour post-lancement gratuites, incluant le retour du Leviathan Mizutsune au printemps, ainsi que des quêtes événementielles offrant des récompenses exclusives.

Les joueurs qui précommanderont le jeu recevront des bonus spéciaux, tels que l’armure en couches Guild Knight Set et le talisman Hope Charm.

De plus, l’année 2025 verra le lancement de la Capcom Fighting Collection 2.

Cette compilation regroupera des titres emblématiques tels que Capcom vs. SNK 2: Mark of the Millennium 2001 et Power Stone 2, tous enrichis de fonctionnalités modernes, notamment le jeu en ligne avec rollback netcode et diverses améliorations de qualité de vie.

Cette initiative reflète l’engagement de Capcom à célébrer son héritage tout en le rendant accessible aux nouvelles générations de joueurs.