Les magasins de jeux vidéo
Les années 1990
Les années 1990 sont considérées pour beaucoup comme l’âge d’or des jeux vidéo. À cette époque, les ventes sont en plein essor, le marché est dominé par Nintendo, notamment avec sa Nintendo NES et les boutiques, souvent indépendantes, se multiplient dans les villes.
On parle d’un temps où Internet n’a pas encore explosé partout dans le monde. Pour acheter un jeu, on est obligé de se déplacer dans une boutique spécialisée. Pour avoir un avis sur un titre, on doit lire la jaquette, demander aux vendeurs où lire des tests dans des magazines. Certaines boutiques avaient bien quelques consoles accessibles pour essayer des jeux, mais c’était loin d’être une généralité. Bref, ce n’était pas aussi rapide et facile que maintenant, où vous le savez, tout est accessible en 2 clics de souris.
La consommation de jeux vidéo était bien donc tout autre de ce qu’elle est aujourd’hui, et peut-être que certains se rappelleront avec nostalgie les premiers jeux achetés dans des magasins spécialisés et des boutiques indépendantes. L’ambiance était certes différente, mais savez-vous que certaines grandes enseignes que nous connaissons encore aujourd’hui ont ouvert à cette époque ? Procédons à une rapide rétrospective de l’histoire de ces magasins de jeux vidéo qui ont marqué l’industrie française.
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L’histoire des grandes enseignes
Micromania
Commençons directement avec l’enseigne reine, celle qui, depuis 30 ans, domine le marché du jeu vidéo en France, malgré un parcours parfois compliqué.
L’histoire de Micromania débute en 1987, à cette époque, l’enseigne est basée à Nice (comme plusieurs écoles de jeux vidéo) et s’occupe de vendre des jeux par correspondances. Cette année-là, Hachette demande au directeur de Micromania, Albert Loridan, de s’occuper d’un corner jeux vidéo. Le projet est un véritable succès, Hachette est bluffé et cet élan permet à Albert d’ouvrir un premier magasin Micromania au forum des Halles en 1989.
Son objectif à long terme est de créer un groupe organisé et structuré. Comme nous l’avons vu, dans les années 1990, les boutiques de jeux vidéo sont surtout tenues par des indépendants et aucune franchise ne se démarque réellement pour tenter de conquérir le marché.
À partir de 2005, les fonds d’investissement et les directeurs vont se succéder, ce qui ne va pas empêcher l’enseigne de surfer sur la croissance du marché du jeu vidéo pour continuer son expansion. Entre 2005 et 2011, le groupe double son nombre de magasins, passant de 200 à 400 points de vente, principalement situés dans des centres commerciaux et des centres-villes.
En 2017, Micromania fusionne avec Zing Pop Culture, lui donnant l’opportunité d’élargir sa gamme en proposant des produits dérivés. Cela permet à la marque de poursuivre son ascension. Aujourd’hui, Micromania compte 1400 employés, plus de 400 magasins pour plus de 368 000 000 de chiffre d’affaires.
Malheureusement, et nous en reparlerons plus tard dans cet article, les temps sont durs pour l’enseigne qui se voit contrainte de fermer une cinquantaine de boutiques sur l’année 2022. Plus de 130 postes sont concernés par ces fermetures. Beaucoup de témoignages racontent que les conditions de travail sont difficiles et que la politique de vente est agressive. Ces éléments couplés à la dématérialisation croissante, il est clair que Micromania n’a plus le vent en poupe.
Gamecash
Gamecash est une autre enseigne spécialisée dans l’achat et la vente de jeux vidéo qui existe depuis les années 1990. Ils sont spécialisés dans les titres et les consoles d’occasion. Le premier magasin fondé par Véronique et Philippe Cougé ouvre en 1993 à Angers. Le succès est immédiat et la première boutique Gamecash ouvre 10 ans plus tard, en 2003
La franchise connaît un véritable succès auprès des clients français. Le vrai boom a lieu en 2013 lorsque la marque rachète 24 magasins de la franchise Games, anciennement Score Games. Elle est aujourd’hui l’une des enseignes de références pour trouver des jeux vidéo et des consoles d’occasion et dispose de plus de 70 points de vente. Gamecash est implanté notamment en Belgique (où il y a notamment des écoles de jeux vidéo), en Guyane, en Nouvelle-Calédonie et au Maroc depuis 2020.
Dock Games
Dock Games
Parlons rapidement de Dock Games, certains se rappellent peut-être de cette célèbre franchise des années 1990/2000. C’était un magasin qui proposait des jeux neufs et d’occasion à la vente, mais aussi du rachat de titres. Fondée en 1992, la boutique s’est développée très rapidement et a grandi si vite qu’en 2005, son chiffre d’affaires dépassait les 35 millions d’euros. Ses magasins étaient globalement situés dans les grandes villes.
En 2007, la franchise composée de 49 points de vente est rachetée par Micromania. Quelques magasins ont pu subsister pendant quelques années, en revanche la plupart se sont vus parés des couleurs bleues de l’enseigne numéro 1 en France. L’objectif de Micromania était de creuser l’écart avec les autres boutiques de jeux vidéo tout en rassemblant deux enseignes similaires. Il faut aussi dire que le portefeuille de 400 000 clients de Dock Games a permis à Micromania de connaître l’ascension qu’ils ont connue, et de conserver leur hégémonie.
Game
Voici la dernière grande chaîne de magasins de jeux vidéo dont nous allons parler aujourd’hui, il s’agit de Game, qui fut rachetée par Micromania, mais aussi par Gamecash comme nous l’avons vu. Cette franchise a été créée en 1993 et a été liquidée en 2013. L’ancien nom de Game était Score-Games, qui fut considéré comme l’un des leaders européens de la vente de jeux vidéo neufs et d’occasions. En 2001, ils comptent plus de 35 magasins répartis dans toute la France. Toutefois, leur progression est si fulgurante qu’en 2008, l’entreprise, qui se renomme Game, possède plus de 180 magasins dans tout l’Hexagone.
De grosses difficultés financières, dont des pertes de plus de 43 millions de livres, poussent la marque à fermer plusieurs magasins, puis à liquider totalement la société en 2013. Déjà à cette époque, les joueurs achètent de plus en plus leurs jeux sur Internet, en passant par des plateformes dématérialisées. Combiné à la croissance phénoménale de Micromania, l’enseigne Game n’a pas pu survivre face à tous ces obstacles.
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La survie des boutiques indépendantes
Il ne faut pas croire qu’il n’existe plus que Micromania qui commercialise des jeux vidéo. Il y a encore beaucoup de boutiques indépendantes dans toutes les villes. On le sait car les ventes de jeux physiques n’ont reculé que de 3,2 % en 2020, ce qui est un chiffre très bas compte tenu de la fermeture des magasins.
Car il faut le dire, le covid a frappé un grand coup et les boutiques indépendantes, qui sont loin de posséder la force de frappe de Micromania, ont eu beaucoup de mal à se révéler d’une telle crise, comme beaucoup d’autres secteurs. Considérés comme des commerces non essentiels et forcés à fermer boutique, de nombreux magasins n’ont pas pu rouvrir, faute de moyens.
Mais il en reste, et bien souvent, ce qui fait leur force, c’est le rétrogaming. Une gamme de produits que les grandes surfaces et les grands magasins de jeux vidéo ne peuvent pas se permettre de proposer, puisqu’il s’agit bien souvent d’occasions dont les prix fluctuent en fonction de la demande. Il s’agit d’une véritable bouée de sauvetage, d’un secteur qui les différencie.
D’ailleurs aujourd’hui, si vous rentrez dans une boutique spécialisée de jeux vidéo, vous remarquez que son stock est composé parfois pour moitié de rétrogaming. Et cela tombe bien, puisque pour vendre ce type de produits, il faut avoir de véritables connaissances, voire être un expert. Cela est obligatoire pour pouvoir correctement les clients, fixer les bons tarifs et dénicher les bonnes affaires. Avec le rétrogaming, on ne peut pas se permettre de faire n’importe quoi au risque de faire considérablement chuter ou augmenter les prix du marché.
dans le jeu vidéo ?
D’ailleurs, ce qui démarque les petites boutiques des grandes enseignes, c’est aussi la passion et le conseil. Dans les groupes, le recrutement se fait parfois plus sur les capacités à vendre et à travailler rapidement que sur les connaissances. Bien sûr, c’est ici une généralité, il y a d’excellents vendeurs passionnés aussi dans les grandes enseignes. Mais si vous cherchez des conseils, des informations très précises ou simplement prendre le temps de discuter avec de vrais passionnés, n’hésitez pas à vous rendre dans les boutiques indépendantes. Dernier point, ces dernières proposent parfois des services de réparation et de nettoyage de consoles ou de disques, voire de customisation de consoles et de manettes.
La diversification des grandes surfaces
Fnac, Carrefour, Leclerc, Darty… Cela fait bien longtemps que ces grands groupes ont compris qu’ils devaient surfer sur la croissance de l’industrie du jeu vidéo, et ne pas passer à côté d’un tel marché.
Si les petites boutiques indépendantes affirment qu’il est impossible de rivaliser face à de si grands groupes, c’est normal. On peut penser ce que l’on veut de ces enseignes, mais il est vrai que tout le monde ne joue pas avec les mêmes cartes. Ces derniers ont en effet la possibilité d’acheter en grandes quantités et de pratiquer des prix extrêmement agressifs. Peu d’enseignes peuvent rivaliser avec de telles stratégies. Il est donc normal que beaucoup de joueurs achètent leurs jeux chez Micromania où à la Fnac à cause de la praticité et du prix plus abordable.
Assiste-t-on à un déclin des magasins de jeux vidéo ?
Cela fait déjà plusieurs années qu’on peut lire dans les médias que les magasins de jeux vidéo sont voués à disparaître. Alors peut-on penser que la fermeture d’une cinquantaine de magasins Micromania cette année en est le signe. Quels sont les facteurs qui permettent d’avoir cette opinion ? Voyons cela tout de suite.
Internet
Si le marché du jeu vidéo en France ne s’est jamais aussi bien porté, ce n’est pas forcément aux magasins physiques que cela profite. La dématérialisation des jeux vidéo est un processus qui ne date pas d’hier, mais qui prend de plus en plus d’ampleur, on parle d’une croissance de plus de 79% en 2020. L’achat d’un jeu en magasin, c’est-à-dire d’une boîte physique que l’on range sur son étagère avec une carte à insérer, est de plus en plus rare. La dématérialisation s’accélère chaque année, et les confinements y sont aussi pour quelque chose, puisque les ventes en ligne ont explosé. Selon une étude, la part de marché du jeu vidéo dématérialisé représente 78,7% du chiffre d’affaires contre 21,3% pour les jeux physiques.
Les éditeurs et les grands groupes se décarcassent pour atteindre le consommateur par l’intermédiaire d’Internet. Ubisoft, Blizzard, Xbox, tous possèdent un shop en ligne qui permet au joueur d’acheter directement leur jeu, sans avoir à se déplacer. Il faut dire que cela a ses avantages, recevoir la clé d’activation par mail, quelques secondes après avoir acheté le jeu, et lancer directement le téléchargement, voire qu’il se lance automatiquement, c’est encore plus vrai lorsqu’on est pressé de jouer. Fini la queue dans les magasins et les boîtes qui prennent la poussière.
Cela a bien sûr poussé les grandes enseignes à adopter une nouvelle stratégie. Ils se voient obligés de brader le prix des jeux physiques et de proposer des packs de console avec des jeux et des accessoires à des tarifs concurrentiels. Les consoles en édition limitée et les précommandes en magasin sont aussi un moyen d’amener plus de joueurs à se déplacer. Micromania a élargi son offre, qui est maintenant à plus de la moitié composée de goodies de pop culture afin de toucher un autre secteur du marché et se démarquer. Cette évolution, tout le monde peut en faire l’expérience en repensant à la taille des rayons de jeux vidéo dans les magasins il y a 10 ans. Aujourd’hui, ils sont nettement réduits, et ne parlons pas du rayon PC qui a presque disparu avec l’explosion de Steam qui compte plus de 26 millions d’utilisateurs dans le monde, et des autres plateformes de distribution virtuelles.
Le marché du jeu vidéo est toujours en plein chamboulement et la consommation a drastiquement changé ces dernières années, au point que les magasins de jeux vidéo physiques sont réellement impactés et doivent adopter de nouvelles stratégies. Mais parlons maintenant de la plus grande menace qui pèse sur eux, les Game Pass.
Les Game Pass
Les game pass
Le Game Pass, c’est à l’origine le service que Microsoft a mis en place afin d’adopter une toute nouvelle stratégie dans son mode de fonctionnement. C’est un service d’abonnement qui existe depuis 2017 et qui compte plus de 20 millions de clients. Il permet d’accéder à un très large catalogue de jeux en illimité, plus de 300. Les jeux ne vous appartiennent pas, ils sont soumis au paiement mensuel de l’abonnement, néanmoins, tant que vous le payez, vous pouvez jouer sans aucune contrainte. Petit à petit, Microsoft a aussi proposé des services de cloud gaming. Ce mode de fonctionnement permet de jouer aux jeux sans les télécharger au moyen d’une assez bonne connexion Internet. Donc le Game Pass est maintenant très souvent comparé au “Netflix” du jeu vidéo, puisqu’il permet d’avoir accès à un catalogue de streaming, pas de séries, mais de jeux.
C’est une façon de consommer le jeu vidéo qui est totalement révolutionnaire. Depuis, beaucoup d’éditeurs, dont Sony, ont suivi le mouvement, au point que ce service est en train de se démocratiser. Cela implique bien entendu que tant que les joueurs payent un abonnement, ils n’ont plus besoin d’acheter de jeu physique, ce qui pénalise grandement les revendeurs. Pour éviter cela, les éditeurs ne proposent pas tous les titres dans leurs Game Pass, les dernières sorties n’y sont bien souvent pas avant plusieurs mois, ce qui permet tout de même de pousser les joueurs à l’achat des nouveautés.
Il faut aussi dire que les Game Pass sont de véritables succès. Plus de 20 millions de personnes sont inscrites et sont ravies de pouvoir élargir leur catalogue à moindre coût. Et c’est aussi très rentable pour les éditeurs. Bref, c’est une totale redéfinition de la façon de consommer, mais surtout de distribuer les jeux.
Les grandes enseignes ne sont pas particulièrement ravies de ce système qui fait perdre énormément de valeur aux titres. En effet, les joueurs ne veulent plus payer un jeu neuf, voire d’occasion, alors qu’un catalogue de plusieurs milliers de titres est disponible pour une dizaine d’euros.
Nous pouvons conclure cet article en disant que l’industrie du jeu vidéo est extrêmement mouvante et a connu de nombreux changements depuis ces dernières décennies. Les magasins de jeux vidéo spécialisés, qui étaient les seuls distributeurs dans les années 1990, ont maintenant bien du mal à tirer leur épingle du jeu. Entre la dématérialisation et les offres de cloud gaming, de moins en moins de joueurs achètent leur jeu en physique.
Mais vont-ils disparaître pour autant ? Cela fait des années que l’industrie en parle, et ils sont toujours là. Énormément de joueurs sont encore des collectionneurs et adorent acheter leurs titres avec la boîte afin de les avoir chez eux. Les consoles sont encore majoritairement vendues dans les magasins, qui ont aussi trouvé de nouvelles stratégies avec la vente de produits dérivés. Les nouveautés ne manquent pas, et avec cette industrie qui possède la croissance la plus rapide au monde, tout est encore possible !
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