Shigeru Miyamoto : la légende derrière les jeux Mario

Miyamoto suit des études de design industriel et sort diplômé au début des années 70. Alors que ses camarades de promotion intègrent des entreprises électroniques ou des constructeurs automobiles, il se passionne pour les mangas. C’est ainsi qu’il découvre l’existence de Nintendo.

Au milieu des années 70, Hiroshi Yamauchi se trouve à la tête de Nintendo. Arrière-petit-fils du fondateur, il souhaite transformer l’entreprise de ses aïeux qui était encore un simple fabricant de cartes à jouer. Miyamoto y décroche un poste à l’aube de l’ère du jeu vidéo chez Nintendo.

Deux ou trois ans après sa prise de poste, on lui offre enfin sa chance. Il s’occupe de la conception du jeu Donkey Kong. C’est ainsi qu’il décide de faire de la conception son véritable métier.

Donkey Kong connaît un succès inattendu d’après lui. Les personnages ont marqué toute une génération qui a joué sur les bornes d’arcades. Aujourd’hui, le gorille et son ennemi juré, Mario, sont ancrés dans la pop culture.

Vers 1985, Nintendo sort une nouvelle console, la Famicom, accompagnée d’un jeu : Super Mario Bros. Miyamoto déclare qu’il a travaillé sur ce projet à partir d’un papier millimétré. Cela augure un avenir rayonnant pour le concepteur. Avec la sortie du super Famicom en 1992, Nintendo était au sommet et Miyamoto était considéré comme le meilleur dans la conception de jeux vidéo.

Au-delà des jeux, Miyamoto participe activement aussi dans la conception des consoles. Ceci explique pourquoi les jeux semblent s’adapter facilement aux consoles. Sa réussite s’explique par une méthode de travail simple : se concentrer sur l’idée générale avant de s’atteler aux détails. Même lorsqu’un jeu est déjà à l’usine, il trouve toujours des détails à améliorer.

L’homme est aussi connu pour sa loyauté envers Nintendo où il est employé depuis plus de 45 ans. Actuellement, le concepteur s’éloigne de l’univers des jeux vidéo pour travailler dans d’autres domaines : les parcs à thème Super Nintendo World et les films. Il concède au cours d’une interview que le monde du cinéma lui est encore nouveau, mais il apprend.

L’histoire de Shigeru Miyamoto est indissociable de sa plus grande création, Mario. En 1981, le succès de Donkey Kong met vite la lumière sur un autre personnage du jeu : le héros qui sauve la demoiselle en détresse.

À l’époque, le personnage avec une moustache n’a pas encore de nom. Les joueurs le surnomment Jumpman, l’homme qui saute. Dans ce jeu, il n’était pas encore plombier. Shigeru Miyamoto concède avoir été influencé par la pop culture américaine pour créer ce personnage.

Donkey Kong va également proposer quelque chose d’innovant dans les jeux vidéo : les scènes cinématiques. Ce sont des visuels dignes d’un film lorsque le jeu s’arrête. La narration scénarisée constitue une nouveauté pour les jeux d’arcades.

En 1983, Nintendo décide alors d’approfondir l’histoire de Jumpman qui portera désormais le nom de Mario. Shigeru Miyamoto lui procure une véritable identité. Le jeu est un succès. À la sortie de la NES en 1986, une réédition du jeu s’écoule à plus de 40 millions d’exemplaires, un exploit pour l’époque.

Aujourd’hui, Mario fait partie des franchises les plus lucratives de l’industrie des jeux vidéo. Il compte en tout plus de 200 jeux depuis les années 80. Il a même eu droit à un film d’animation en 2023. Véritable carton au box-office, une suite est prévue pour 2026.

Lorsque Shigeru Miyamoto intègre Nintendo, Nintendo avait déjà entre ses murs un autre monument : Gunpei Yokoi, le créateur des Game & Watch. Le socle créatif de l’entreprise repose entièrement sur ce dernier.

On pourrait croire que Shigeru va s’inspirer de la méthode de travail de ce mentor. Pourtant, les deux hommes sont très différents. Yokoi va même dire du concepteur qu’il est « négatif ». Un commentaire qu’il n’a pas apprécié, mais qui avait le mérite d’une rétrospective personnelle.

Miyamoto reconnaît dans une interview qu’il voit tous les obstacles à un projet en premier. Il se félicite néanmoins de ne pas avoir travaillé sous la direction de Yokoi trop longtemps. Sinon, il n’aurait pas été l’homme qu’il est devenu.

D’ailleurs, il déclare avoir eu du mal avec les règles imposées par son employeur à ses débuts. Il détestait travailler sous la contrainte. Au bout de trois mois, il voulait quitter Nintendo. Heureusement qu’il s’est montré patient puisqu’il intègre une nouvelle équipe, la R&D 4 en 1980. Commençant comme adjoint, il gravit rapidement les échelons grâce à de grosses productions comme Super Mario Bros. Et The Legend of Zelda.

Les fans de Nintendo l’associent souvent à un visage souriant, celui que l’on voit à toutes les conventions de jeux vidéo. Pourtant, Miyamoto se montre très discret depuis plusieurs années. Il accorde peu d’interviews.

Ceux qui ont réussi à l’interviewer le décrivent comme une personne réservée qui n’aime pas être devant les projecteurs. Il s’habille banalement bien que paraissant plus jeune pour son âge. Rappelons que le créateur de jeux vidéo a plus de 70 ans.

Les médias lui attribuent souvent le titre de « Spielberg » ou « Walt Disney ». Pourtant, il refusera ce titre de génie avec humilité. Chez Nintendo, la jeune génération de concepteurs le considère comme une personne « normale ». Un adjectif qu’il accepte volontiers. Au cours d’une interview, il concède être une « personne plutôt ordinaire ». Comme toutes personnes normales, ses meilleurs amis sont ses collègues, Kondo et Tezuka.

Ce qui le distingue, c’est son attachement à l’efficacité. Pour lui, le travail doit aboutir au succès pour entamer facilement un autre projet.

Bien qu’il soit une figure très connue dans l’industrie des jeux vidéo au Japon, Miyamoto fait rarement des apparitions à la télévision. Les médias spécialisés reconnaissent eux-mêmes avoir des difficultés à obtenir une interview avec lui.