Technicien lumière

Profession : Technicien lumière

« Quand on évoque le technicien lumière, on a automatiquement l’image d’un plateau ciné ou télé, avec cette personne qui s’affaire autour de gros spots et qui gère tous les réglages possibles pour que la lumière soit parfaite et que le rendu à l’écran soit au top. Le technicien lumière qui travaille dans le jeu vidéo, c’est le même personnage, sauf que les réglages, il les opère directement depuis son ordinateur ou sa console et que les acteurs et les décors qu’il s’agit de mettre en valeur sont plutôt en 2D, et que tout ça se joue directement sur l’écran », explique Sara Guémou. Cette professionnelle indépendante sait parfaitement de quoi elle parle, puisqu’elle arpente les milieux du jeu vidéo en tant que technicienne lumière depuis 2018. « La grande différence avec les missions d’éclairage classiques, c’est justement cette nécessité de travailler dans des environnements interactifs, qui vont nécessiter une compréhension approfondie des moteurs de jeu et des contraintes techniques ».

Dans le domaine du jeu vidéo et de l’image animée, la technicienne lumière est amenée à :

1. modéliser ;
2. programmer ;
3. et intégrer des systèmes d’éclairage dans les environnements numériques.

« Mon rôle, c’est apporter encore un peu plus de réalisme, encore un peu plus de style, encore un peu plus d’émotion aux jeux, tout autour des rouages principaux que sont, en quelque sorte, les décors, les personnages et la dynamique de narration ».

Les missions du technicien lumière

Les missions principales d’un Technicien lumière spécialisé dans le jeu vidéo incluent :

• Création d’ambiances lumineuses : développer des éclairages qui enrichissent l’atmosphère et soutiennent la direction artistique ;
• Programmation de l’éclairage dynamique : configurer des systèmes d’éclairage adaptatifs selon les événements ou l’interaction du joueur ;
• Optimisation des performances : ajuster les paramètres d’éclairage pour réduire la charge sur les processeurs graphiques ;
• Collaboration interdisciplinaire : travailler en synergie avec les artistes 3D, les animateurs et les développeurs pour garantir une intégration fluide ;
• Mise en œuvre de shaders et matériaux : manipuler des outils avancés pour simuler des effets de lumière complexes (reflets, ombres, diffusion) ;
• Tests et ajustements : détecter et résoudre les problèmes liés aux incohérences visuelles ou aux performances. 

Les responsabilités du technicien lumière

« Ma responsabilité est double », explique Sara Guémou. « Je suis là en priorité pour répondre aux attentes visuelles des équipes qui ont pensé le jeu. En d’autres termes, je donne corps à la direction artistique. Je me conforme donc à des indications précises. Mais je me dois aussi d’être force de proposition car, en tant que spécialiste du sujet ‘lumière’, c’est moi qui sais principalement quelles optimisations sont possibles pour atteindre le degré de réalisme voulu ou créer un certain style. Sans mon intervention, il se peut qu’un tout petit détail comme l’éclairage gâche le potentiel d’immersion qui était pourtant là, à travers la qualité des personnages, des actions et de l’histoire. À un niveau un peu plus basique, je suis aussi là pour apporter de la fluidité et de la cohérence : sur les transitions jour-nuit, principalement, mais aussi pour faire en sorte que chaque action liée à un effet de lumière reproduise bien la même logique dans tout le jeu. Par exemple, si un coup d’épée dans un ennemi produit un effet d’éclairage intense à l’écran, comme un éclair, je dois m’assurer que cet effet est cohérent sur la durée et bien identifiable. La clé, c’est de ne pas abuser d’un même effet pour des séquences ou des actions différentes. Il est préférable de séquencer, de diversifier, et c’est encore une fois à moi de faire les bonnes propositions quand les développeurs n’y ont pas déjà pensé ».

Compétences

Voici les principales compétences attendues chez un technicien lumière spécialisé dans le jeu vidéo :

Compétences techniques

1. Maîtrise des moteurs de jeu :

• Unreal Engine, Unity, ou tout autre moteur utilisé dans l’industrie ;
• Utilisation d’outils d’éclairage intégrés, comme Lumen (Unreal Engine 5) ou des systèmes de rendu personnalisés. 

2. Connaissance des techniques d’éclairage :

• Éclairage dynamique et statique (baked et real-time) ;
• Gestion des Global Illumination (GI) et des réflexions ;
• Utilisation de techniques avancées comme les ombres volumétriques, l’occlusion ambiante (AO), et le ray tracing. 

3. Notions de rendu et d’optimisation :

• Connaissance des pipelines de rendu (deferred vs forward rendering) ;
• Optimisation des performances en équilibrant la qualité visuelle et les ressources matérielles ;
• Gestion des lightmaps, light probes, et des matériaux interactifs. 

4. Logiciels et outils associés :

• Familiarité avec des logiciels de création 3D comme Maya, 3ds Max, ou Blender ;
• Utilisation de logiciels de texturing tels que Substance Painter et Substance Designer ; 
• Post-traitement et color grading via des outils comme Photoshop ou des plugins intégrés au moteur. 

Compétences artistiques

1. Compréhension des principes de l’éclairage :

• Théorie des couleurs et harmonies chromatiques ;
• Compréhension de la lumière naturelle et artificielle, et capacité à recréer ces effets en 3D ;
• Gestion des contrastes, des ombres, et des transitions lumineuses. 

2. Narration visuelle :

• Utiliser l’éclairage pour guider le joueur et renforcer l’ambiance (horror, fantasy, sci-fi, etc.) ;
• Mise en valeur des éléments clés du gameplay ou de la narration. 

3. Sensibilité esthétique :

• Appréciation des styles artistiques variés, de l’hyperréalisme au low poly ;
• Adaptation de l’éclairage en fonction des directions artistiques spécifiques d’un projet. 

Compétences en programmation et script 

1. Scripting :

• Capacité à travailler avec des langages comme Blueprints (Unreal) ou des scripts en C# (Unity) pour configurer des comportements dynamiques. 

2. Shaders et matériaux

• Compréhension des bases du développement de shaders pour ajuster la manière dont les surfaces interagissent avec la lumière. 

3. Workflow collaboratif

• Intégration avec les autres équipes, comme les artistes 3D, les développeurs gameplay, et les concepteurs sonores ;
• Utilisation de gestionnaires de version (ex. Git, Perforce).

Qualités

« Comme je l’ai déjà évoqué, pour être un bon technicien lumière, il faut savoir être, selon les moments, un bon exécutant et une force de proposition. Il s’agit de bien prendre la température sur chaque projet pour savoir quelles sont les attentes et les marges de manœuvre réelles », explique Sara Guémou.

« Il y a aussi tout une série de prédispositions assez évidentes à avoir : un grand sens de la précision et du détail, et puis aussi le goût du travail en équipe et du dialogue. Un produit culturel ou de divertissement, c’est forcément un projet très collaboratif ! », insiste la spécialiste lumière.

Quelle différence entre le technicien lumière et le lighting artiste ?

« Les dénominations ‘technicien lumière’ et ‘lighting artist’ sont souvent utilisées comme synonymes. On pourra dire que c’est une erreur ou une imprécision certes. Quand on met toutes les fonctions qui leur reviennent sur le même plan, on va dire que le terme de ‘lighting artist’ a une aura plus séduisante que celui de ‘technicien’. On a ce brouillage des pistes pour pas mal de métiers de la sphère audiovisuelle, au passage. Dans mon cas précis, même si je me présente comme technicienne lumière, parce que c’est le titre qui correspond aux formations que j’ai suivies, j’assume aussi le rôle du ‘lighting artist’, à chaque fois qu’on me demande d’être force de proposition et d’apporter des suggestions plus ou moins artistiques, sur un réglage, un fondu… Si on veut vraiment s’en tenir à la signification première de chacun des postes, alors on peut dire que le technicien lumière est en quelque sorte un exécutant du lighting artist. Mais ça, ça ne peut arriver que sur de très gros projets, quand la masse de travail est colossale. Dans les autres cas, le lighting artist a toutes les compétences et tout le temps nécessaires pour opérer lui-même les réglages qui correspondent à ses choix, sinon il serait un simple directeur artistique ! Il y a souvent des querelles un peu inutiles sur les dénominations et les titres, voilà ce qu’il faut surtout retenir… », explique Sara Guémou.

Niveau d’études nécessaire ?

Le métier de Technicien lumière nécessite généralement un niveau Bac +3 à Bac +5 dans les domaines de l’art numérique, de la 3D ou du développement de jeux vidéo. Une spécialisation dans les effets visuels ou l’éclairage est un atout.

Quelles sont les bonnes questions à se poser avant de s’orienter dans la spécialisation lighting artist ?

• Ai-je un niveau suffisant en mathématiques ?
• Est-ce que je dispose d’une bonne culture artistique ?
• Est-ce que je souhaite faire de ma passion, mon métier ?
• Quel diplôme je vise (Bachelor, MBA…) ?
• Où se former pour devenir lighting artist ?
• Quels sont les contenus des formations proposées par l’école ?
• Qui sont les intervenants et professeurs ?
• Des stages sont-ils organisés ?
• Quel est mon projet professionnel ?
• Dans quelle entreprise je souhaite travailler ?
• Quel est le salaire d’un débutant lighting artist ?
• Les débouchés sont-ils importants ?
• Vais-je trouver un emploi facilement ?

Les programmes de nos formations

Les deux formations mettent l’accent sur la professionnalisation et sont adaptées aux enjeux du métier. C’est pourquoi, nous vous proposons à la fois des cours théoriques, pratiques, de nombreux stages, des rencontres avec des professionnels en activités et des observateurs du secteur. Dans le détail, l’enseignement des 5 années repose sur :

Pour le Bachelor :

• Vision sémantique du visuel
• Éclairage compositing atmosphère
• Langage de programmation, des logiciels 2D (Photoshop, Painter, Illustrator…) et 3D (3Ds Max, Maya, Z-Brush…)
• Logiciels de rendu et compositing (After Effect…)
• Intégration dans les moteurs du jeu vidéo
• Culture du gaming et de l’e-sport
• Le code
• Le moteur jeu
• Gestion de projet
• Travail en équipe
• Mise en place de veille
• L’économie du jeu
• Le droit du travail et des sociétés
• L’anglais

Voir plus de détails sur le programme du Bachelor

Pour le MBA :

• Logiciels 2D et 3D (Painter, Photoshop, 3Ds Max…)
• Concept art et painting digital
• Animation 3D
• Effets spéciaux
• Rendus temps réel et pré-calculés
• Moteurs de jeux
• Eclairage, composition et atmosphère
• La conduite de projet et méthodes agiles
• Management des équipes créatives

Voir plus de détails sur le programme du MBA

S’inscrire dans nos formations

Nous demandons à ce que vous ayez au minimum le Bac technologique ou général pour entrer en première année de Bachelor. Pour être admis en deuxième année, nous vous demandons d’avoir validé un Bac +1 du type BTS ou DUT, Licence dans des domaines de formation correspondants au diplôme de G. Art, c’est-à-dire technologique ou artistique. Pour l’entrée parallèle en 3e année, il faut avoir validé un Bac +2 dans les domaines techniques ou créatifs. Autrement dit, avoir déjà un BTS, BUT ou une Licence 2.

Les secteurs et les entreprises qui recrutent

Parmi les principaux recruteurs potentiels sur le territoire français, on pourra penser en priorité :

• aux grands studios (studios AAA) comme Ubisoft (avec des bureaux à Paris, Montpellier et Bordeaux), Quantic Dream (Paris) ou encore Asobo Studio (Bordeaux) ;
• aux studios indépendants comme Dontnod Entertainment, Ankama ou Motion Twin ;
• aux sous-traitants des studios, notamment les entreprises spécialisées en réalité augmentée (AR) et en réalité virtuelle (VR).

Pour être informé facilement des offres en cours, on pourra consulter les pages suivantes :

• Indeed.com ;
• LinkedIn ;
• Cyberjobs.fr ;
• ou encore le site de l’Apec.

Salaire du technicien lumière

Lorsqu’il est salarié, le technicien lumière peut s’attendre à une rémunération qui débutera à 2 300 euros bruts par mois pour un profil junior. Cela correspond à un salaire annuel avoisinant les 28 000 euros bruts. Il est possible que les plus petits studios proposent un salaire légèrement inférieur. À chaque professionnel d’avancer les arguments nécessaires, en matière de compétences, de formation et de certifications, pour valoriser son profil et s’aligner sur la moyenne de salaire, voire atteindre une rémunération légèrement supérieure.

Après trois années d’expérience, il sera possible de se positionner sur un salaire autour de 3 000 – 3 200 euros bruts. Pour être certain de pouvoir décrocher cette rémunération, il est préférable de viser des studios déjà bien installés, avec déjà plusieurs jeux à succès à leur compteur.

Pour un profil confirmé affichant cinq ans d’expérience et/ou des collaborations sur des jeux d’envergure, on peut attendre un salaire autour de 4 150 euros. Cela correspond à un revenu mensuel de 40 000 euros bruts environ.

En indépendant, il est possible de proposer des tarifs journaliers allant de 300 euros pour un profil junior à 500 euros pour un profil expérimenté. Pour les projets les plus complexes ou des missions internationales, on peut même espérer faire grimper le curseur à 650 euros par mois.

Evolution de carrière

Un technicien lumière possède un éventail d’opportunités pour évoluer dans sa carrière, tant au sein de l’industrie du jeu vidéo que dans d’autres secteurs créatifs. Voici les principales trajectoires d’évolution possibles.

Pour une progression hiérarchique, le technicien lumière peut envisager de devenir :

1. Lighting Artist Senior
   • Devenir un expert en éclairage, avec une responsabilité accrue sur les projets complexes et la supervision des aspects techniques et esthétiques ;
   • Gestion de l’éclairage pour des niveaux entiers ou des scènes clés. 

1. Lead Lighting Artist
   • Diriger une équipe de lighting artists ;
   • Collaborer avec les directeurs artistiques et techniques pour assurer la cohérence et la vision artistique globale du projet. 

1. Technical Artist spécialisé en éclairage
   • Travailler à l’intersection de l’art et de la programmation, en développant des outils ou en optimisant les workflows d’éclairage ;
   • Focus sur la recherche et le développement de nouvelles techniques pour améliorer la qualité et la performance de l’éclairage. 

1. Directeur artistique (Art Director)
   • Passer à un rôle de leadership artistique global, supervisant tous les aspects visuels du projet, y compris l’éclairage ;
   • Nécessite une compréhension approfondie des autres disciplines artistiques. 

Pour un changement de spécialité, on pourra se positionner sur un poste de :

1. Environment Artist
   • Travailler davantage sur la création des environnements, en intégrant des compétences en éclairage pour enrichir la qualité visuelle globale. 

1. VFX Artist (Effets visuels)
   • Utiliser les compétences en éclairage pour se spécialiser dans la création d’effets visuels (explosions, particules, feu, etc.) qui interagissent avec les sources lumineuses. 

1. Technical Director (TD)
   • Devenir un expert technique au service des équipes artistiques, avec une responsabilité accrue dans le développement de pipelines optimisés et de solutions techniques. 

1. Cinematic Artist
   • Travailler sur les cinématiques de jeux vidéo ou de films, où l’éclairage joue un rôle central pour la narration visuelle. 

Évolutions vers d’autres industries

1. Industrie du cinéma et de l’animation
   • Utilisation des compétences en éclairage 3D pour des productions cinématographiques ou télévisées ;
   • Collaborer avec des studios d’animation comme Pixar, DreamWorks, ou des équipes de production utilisant la réalité virtuelle. 

1. Réalité virtuelle (VR) et augmentée (AR)
   • Travailler sur des projets VR/AR nécessitant des éclairages immersifs et interactifs pour enrichir l’expérience utilisateur. 

1. Design architectural et simulation
   • Créer des éclairages réalistes pour des visualisations architecturales ou des simulateurs (par exemple, pour de simulateurs de vol ou d’entraînement militaire). 

1. Publicité et marketing numérique
   • Conception de rendus publicitaires en 3D ou de visuels pour des campagnes numériques interactives. 

Avantages et inconvénients

« J’ai du mal à envisager le poste sous le prisme des avantages et inconvénients », confie Sara Guémou. « Tout ce qu’il faut retenir, pour moi, c’est qu’il faut être passionné : un, pour se faire une place dans le métier ; deux, pour avoir envie d’y rester ; et trois, pour réussir à y rester ! ».

Les autres professionnels de la branche ont tendance à souligner la portée valorisante du métier, puisqu’il conduit à travailler sur des produits divertissants, parfois promis à un joli petit succès. Sont également mentionnées les belles opportunités à l’international et la possibilité de travailler sur des projets variés, du jeu vidéo complexe au petit jeu sur mobile, en passant par les projets de réalité virtuelle. Avec le développement croissant de cette dernière, on relève aussi un besoin croissant en techniciens lumière.

Du côté des désavantages, les spécialistes évoquent – mais avec sérénité et beaucoup d’acceptation – les délais parfois tendus, les attentes souvent élevées et le travail parfois répétitif, dans un but d’optimisation constant des performances.