Qui est Don’t Nod, l’autre fleuron du jeu vidéo français ?
Don’t Nod a été fondé en 2008 par Aleksi Briclot, Jean Maxime Moris et Oskar Guilbert, qui est également l’actuel CEO de l’entreprise. Les trois avaient déjà de l’expérience dans le secteur, ayant travaillé chez Electronic Arts et Ubisoft. Ils décident de mettre à profit leur expérience pour créer un studio et concrétiser un projet, celui de développer un jeu triple A, à savoir Remember Me. Néanmoins, le studio acquiert la notoriété internationale en 2014, suite à la sortie de Life is Strange, un jeu narratif présenté sous un format épisodique.
Les débuts mitigés de Don’t Nod avec Remember me
Dès le début, le studio français voulait créer un jeu AAA. Pour concrétiser ce projet, Alain Damasio, un écrivain de science-fiction, et le producteur Hervé Bonin rejoignent l’équipe. Le concept était unique : la ville de Paris sous les eaux suite au réchauffement climatique.
Alain Damasio a écrit et créé l’esthétique cyberpunk du jeu et son côté transhumaniste. Les joueurs entrent dans la peau d’un personnage amnésique, Nilin, où ils ont la capacité de manipuler et de modifier les souvenirs.
En tant que premier jeu, Remember me était un projet ambitieux pour Don’t Nod. La critique salue sa bande son et son univers. Il remporte également un prix du ministère de la Culture. Cette reconnaissance permet au studio d’attirer des investisseurs et de signer un partenariat avec le géant japonais Sony pour une sortie exclusive sur la Playstation 3.
L’éditeur délaisse le jeu en 2011 en raison de coupes budgétaires. Le studio trouve quand même un autre éditeur, à savoir Capcom Europe en 2013.
Néanmoins, Remember me essuie un échec commercial. Dans un interview, le fondateur impute cet échec à un « problème de distribution » de Capcom. Le studio prévoyait 2 millions de copies vendues, tandis que l’éditeur n’a sorti que 400 000.
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Life is strange : la consécration pour Don’t Nod
D’après Oskar Guilbert, cofondateur du studio, l’échec commercial de Remember me était un « mal pour un bien ». D’un côté, le studio se trouve en redressement judiciaire en 2014. Malgré les rumeurs de faillite, les dirigeants ont clarifié qu’il s’agissait juste d’une réorganisation judiciaire.
De l’autre côté, l’entreprise divise son équipe en deux. La première travaille sur Life is Strange en partenariat avec Square Enix. La seconde travaille sur Vampyr avec l’éditeur Focus.
Un an seulement après le redressement judiciaire, Life is Strange sort en 2015 et rencontre rapidement un succès international. Le jeu multiplateforme reçoit de nombreuses distinctions. Alain Damasio était toujours au script, tandis que l’équipe créative était composée de Luc Baghadoust, Michel Koch et Raoul Barbet. La critique a salué l’univers qui s’inspire de Stephen King et l’écriture nuancée.
Le jeu vidéo aborde des thématiques sérieuses et tabous comme le harcèlement sur les réseaux sociaux et la sexualité. De même, le fait que les joueurs entrent dans la peau de Max, un personnage féminin, a touché le public féminin. Au mois de novembre 2023, le jeu totalise 20 millions de joueurs d’après le studio.
Le format épisodique a renforcé la réussite du jeu. L’attente du prochain épisode suscite l’engouement des joueurs et crée des débats sur les réseaux sociaux. Le bouche-à-oreille n’a fait qu’exacerber le succès de ce format.
Pour Don’t Nod, Life is Strange a posé les bases des jeux axés sur l’expérience narrative qui fera partie de son ADN.
Le projet Vampyr sort trois ans plus tard, un jeu d’action RPG. Le studio constate que la thématique du vampire est rarement exploitée dans les jeux vidéo. Sous la direction de Philippe Moreau et Stéphane Beauverger, Don’t Nod a créé le personnage de Jonathan Reid, un médecin devenu vampire en pleine période de la grippe espagnole. L’histoire se déroule à Londres en 1918, dans un univers très gothique.
L’accueil du jeu a été mitigé par rapport à Life is Strange. Malgré des idées brillantes dans la narration, les critiques lui reprochent de ne pas aller jusqu’au bout du gameplay. Néanmoins, l’impact du choix des joueurs sur le récit est l’un des atouts majeurs de Vampyr. Le titre s’est vendu à plus de 2 millions de copies.
Changement de cap et entrée en bourse
En 2016, alors que Don’t Nod acquiert la reconnaissance internationale avec Life is Strange, Oskar Guilbert annonce un changement de cap majeur pour le studio. Ce dernier ne fera plus de jeux triple A et privilégie désormais les projets indépendants. Sachant le succès du studio dans les expériences narratives, il s’intéresse aux jeux originaux basés sur la narration. De même, le cycle de production d’un jeu est réduit à deux ou trois ans, au lieu de cinq dans le passé.
En 2018, l’entreprise entre en bourse dans l’ambition de mobiliser assez de fonds pour éditer elle-même ses jeux. En effet, depuis Remember me, les contrats dépossédaient le studio des droits sur ses licences au profit de l’éditeur. D’après Guilbert, Don’t Nod touchait seulement un pourcentage des royalties qui se situe entre 5 à 15 % du jeu. Après trois jeux (Life is Strange, Vampyr et Remember me), il était temps d’investir et de prendre des risques.
Pari réussi pour l’entreprise qui a pu mobiliser 20,1 millions d’euros, dont un quart était investi dans un partenariat avec un autre studio. Le reste était destiné à améliorer le pipeline de production, comme la création d’un département édition. Aujourd’hui, Don’t Nod édite tous ses jeux, sauf les projets d’envergure comme Banishers.
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L’entrée en jeu de Tencent et les échecs commerciaux chez Don’t Nod
En 2023, Don’t Nod réalise une augmentation de capital de 46 millions d’euros, dont 35 millions proviennent de Tencent, le géant chinois de l’industrie des jeux vidéo. Cela ramène sa part à 42 % de l’entreprise, ce qui lui confère 34 % des droits de vote. Le géant chinois n’est pas à son premier coup d’essai. En effet, il possède déjà 30 % des droits de vote chez Ubisoft, un autre poids lourd du secteur des jeux vidéo en France.
Une augmentation de capital qui s’inscrit dans le projet d’extension du studio puisque Don’t Nod a également ouvert des bureaux à Montréal. Néanmoins, les déceptions commerciales successives de Jusant et Banishers : Ghost of New Eden précipitent le studio dans les difficultés financières.
En effet, le chiffre d’affaires est passé de 7 millions d’euros en 2022 à 5,4 millions en 2023. L’entreprise était encore à 1,8 million d’euros au premier semestre 2024, loin donc d’atteindre les objectifs à la fin de l’année.
Un projet de réorganisation est lancé à la rentrée pour rationaliser les lignes de production. Dans un communiqué de presse, le CEO, Oskar Guilbert annonce à cet effet la suppression de 69 emplois. Rappelons que le groupe compte près de 300 salariés, incluant ceux de l’antenne à Montréal.
Les titres majeurs développés par Don’t Nod
Don’t Nod a développé des jeux notables comme :
- Banishers : Ghosts of New Eden (2024)
- Tell me Why (2020)
- Life is Strange 2 (2018)
- The Awesome Adventures of Captain Spirit (2018)
- Vampyr (2018)
- Life is Strange (2015)
- Remember me (2013)
Le studio endosse également le rôle d’éditeur dans les titres comme :
- Jusant (2023)
- Harmony : the fall of Reverie (2023)
- Gerda : A Flame in Winter (2022)
- Twin Mirror (2020)
Pour Gerda : A Flame in Winter, un autre studio s’occupait du développement.
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