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Guide du Jeu Vidéo

Yohan Bensemhoun alias Panthaa : itinéraire d’un journaliste jeu vidéo à l’ère du multi-format

Nous avons eu l’opportunité d’échanger avec Yohan Bensemhoun, alias Panthaa, journaliste et créateur de contenu chez Jeuxvideo.com, qui a accepté de répondre à certaines de nos questions au sujet de l’évolution du métier de journaliste spécialisé. Dans cet entretien, il revient sur son parcours, son quotidien, mais aussi sur les mutations qui ont transformé la presse jeu vidéo au cours de ces dix dernières années.  De la montée des réseaux sociaux à l’essor des formats vidéo et des créateurs indépendants, il livre un témoignage concret sur les défis et les exigences actuelles du métier. Une rencontre qui éclaire les nouveaux enjeux d’un secteur en pleine recomposition et qui offre des repères utiles pour celles et ceux qui souhaitent y faire leur place.
Juliette Defrance
Par Juliette Defrance
Contenu mis à jour le
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De la passion d’enfance au journalisme : un parcours atypique

Une enfance marquée par la presse jeux vidéo

À lire son CV, rien ne prédestinait Yohan Bensemhoun à une carrière dans le journalisme jeu vidéo. Diplômé de l’École Supérieure de Commerce d’Amiens, où il suit une formation en marketing et en communication entre 2009 et 2013, il se dirige d’abord vers la voie du commerce international.

Pourtant, la passion est là depuis toujours. Pour les jeux vidéo, mais aussi pour l’écriture et le partage d’opinions. « Depuis tout jeune, je suis un grand consommateur d’œuvres vidéoludiques et j’ai toujours souhaité soit en créer, soit en parler, partager ma passion. À l’adolescence, j’ai commencé à suivre la presse, d’abord papier dans ses dernières années de gloire (Gen4PC et Gameplay RPG notamment), puis web avec l’arrivée de Jeuxvideo.com et Jeuxvideo.fr. »

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Un parcours scolaire loin du journalisme

Loin des écoles de journalisme, Yohan Bensemhoun trace sa route à sa manière : STG option marketing, BTS Commerce international, puis école de commerce. Un parcours qu’il assume pleinement. « Comme beaucoup de gens qui font un “métier passion” je n’ai pas forcément le parcours adapté. Nous sommes nombreux à venir de tous horizons dans ce secteur et j’imagine que c’est une histoire de chance et de détermination. »

Et pour cause, ses études l’ont préparé à bien des aspects du métier. « L’avantage de mon cursus, c’est qu’il m’a habitué à pas mal de choses nécessaires pour être un bon journaliste jeu vidéo. Le volet tourné vers l’interculturalité et l’international m’a vite permis de monter en compétences en langues et de me débrouiller à l’étranger, ce qui est idéal pour ce travail. »

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Premiers pas dans l’industrie vidéoludique

C’est justement cet aspect international qui le mène vers son premier stage dans un studio indépendant à Lyon : Upper Byte. Là-bas il touche au marketing et à la communication, au sein d’une toute petite équipe.

« Souhaitant intégrer l’industrie du jeu vidéo, j’ai d’abord effectué un premier stage dans un studio indépendant, Upper Byte, à Lyon, afin d’aider la petite équipe sur le marketing, la distribution et la communication. Intégrer une toute petite structure, ici deux personnes uniquement, c’est l’idéal pour apprendre vite et expérimenter. »

Cette première immersion confirme sa volonté de basculer vers le journalisme. Il décroche alors un stage de six mois chez Jeuxvideo.com.

« Fort de cette expérience, j’ai voulu passer de l’autre côté de la barrière et intégrer la rédaction de Jeuxvideo.com pendant 6 mois… Une expérience qui a été plus que concluante et qui a débouché sur deux propositions de CDI, l’un, plus adapté à mon cursus (le pôle Brand Content), l’autre en rédaction. »

Le choix de la rédaction

Face à ce choix, Yohan Bensemhoun suit son instinct. Il privilégie la rédaction, attiré par le rythme du métier et la diversité des missions.

« J’ai choisi le journalisme en rédaction, le travail m’ayant toujours fait rêver pour son absence de routine et pour les moments forts qui rythment l’année du jeu vidéo (sorties, preview, salons…). »

Une leçon ressort de son parcours : dans le journalisme vidéoludique, il n’existe pas de voie unique. Passion, curiosité et polyvalence peuvent ouvrir des portes, à condition d’avoir conscience des réalités du milieu, où les places restent rares et la concurrence rude.

Le quotidien d’un journaliste aux multiples casquettes

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Le quotidien d’un journaliste aux multiples casquettes

Veille, production et innovation

Pour Yohan Bensemhoun, aucune semaine ne se ressemble. Dans un secteur où les usages et les formats évoluent sans cesse, il partage aujourd’hui son temps entre plusieurs missions.

Il détaille : « Vous vous en doutez peut-être, mais il est rare qu’une routine s’installe… En ce moment par exemple, nous travaillons beaucoup sur les formats : on refait toute notre grille durant l’été : on identifie de nouveaux usages, on imagine de nouvelles propositions, on les prototype, on les monte, on les évalue… C’est très stimulant. »

Ce travail de fond s’accompagne d’une veille quotidienne sur l’actualité du jeu vidéo. Une tâche essentielle pour identifier les tendances et repérer les jeux qui méritent un coup de projecteur.

« À côté de ces impératifs, il y a ce qu’on appelle “le running” c’est-à-dire les productions régulières qu’il faut assurer et là-dessus je prête aussi main forte. Je participe à la veille informationnelle, aussi bien sur les événements liés au jeu vidéo (les news), qu’au niveau des sorties, où j’essaye d’identifier les jeux qui se distinguent. »

 

Des formats adaptés à chaque plateforme

Dans cette dynamique, il est à l’origine de plusieurs formats distincts, chacun pensé pour répondre aux codes de sa plateforme.

Sur les réseaux sociaux, il a lancé JV Reco (devenu Wishlist), un format court dédié aux jeux atypiques : « Pour mettre en lumière ces derniers, j’ai proposé l’an dernier le format JV Reco (désormais Wishlist), qui met un focus sur des jeux atypiques, plusieurs fois par semaine, sur nos réseaux, en format court voix off et montage. »

Autre création, JV Insider, un format immersif qui plonge les spectateurs au cœur des événements : « Sur ces mêmes réseaux, nous avons monté l’an dernier les walk and talk (devenus JV Insider), un format tourné initialement au smartphone puis monté, qui propose une immersion dans un événement (avant-première, preview, déplacement, salon…). Nous tournons désormais ce dernier aux lunettes Meta Ray Ban. Comme d’habitude, on s’adapte aux nouvelles technologies. »

 

La rigueur des formats longs

Sur YouTube, il porte Hall of Game, une émission bimensuelle qui explore en profondeur les grandes légendes du jeu vidéo. Un format bien plus lourd à produire qu’il n’y paraît :

« Sur le volet horizontal (YouTube), je tiens toujours la rubrique JV Legends (désormais Hall of Game), un format storytelling qui s’attaque au développement difficile des jeux légendaires. J’en réalise la majorité des épisodes avec mes collègues monteurs, et les collègues de la rédaction prennent parfois le relais sur le script lorsque mon planning ne me le permet pas. Nous tournons les épisodes deux par deux désormais. Comptez une vingtaine de pages à écrire tous les mois, texte complet et capsules réseaux sociaux pour un tournage facecam d’environ 2H. »

Derrière ces formats, une organisation millimétrée : écriture, tournage, montage, déclinaisons sociales… Chacun mobilise plusieurs jours de travail, en plus des autres missions.

 

Les imprévus du terrain

À ces projets récurrents s’ajoutent les imprévus, notamment lors des déplacements internationaux. Japon, Los Angeles, Europe : il endosse régulièrement plusieurs rôles sur le terrain.

Il raconte ainsi deux expériences vécues à quelques semaines d’intervalle :  « En mai, j’ai eu le plaisir d’aller au Japon essayer en exclusivité Death Stranding 2. J’y ai préparé plusieurs contenus : preview écrite, preview vidéo, format 15 questions à Hideo Kojima, Insider Nintendo Store, Insider Hotel Capsule. »

Quelques semaines plus tard, direction le Summer Game Fest de Los Angeles : « Là-bas, pour la première fois j’endossais le rôle de chef d’équipe. L’organisation du voyage, les prises de rendez-vous, la gestion du budget : c’était en grande partie pour moi. Sur place, j’ai aussi pu aider côté rédaction et vidéo avec différentes previews, mais aussi donner un coup de main côté CM, en réalisant des stories et des lives pour Instagram et TikTok, ou en centralisant les rushs et en pré-montant pour envoyer à Paris du matériel vidéo optimisé, à finaliser. »

 

La passion du métier, malgré la charge de travail

Cette multitude de casquettes pourrait en décourager plus d’un. Mais pour Yohan Bensemhoun, cette variété fait justement la richesse du métier : « J’adore avoir plusieurs casquettes, ça m’évite la routine. Dans ma position, on ne s’ennuie jamais et c’est peut-être pour ça que je suis là depuis plus de 12 ans… »

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Les formats qui ont marqué sa carrière

Au fil des années, certains projets laissent une trace plus forte que d’autres. Pour Yohan Bensemhoun, certains formats ont marqué des tournants dans sa carrière, tant par les défis qu’ils ont représentés que par les souvenirs qu’ils ont créés.

 

Inside E3 : l’expérience d’un salon hors normes

Né en 2014 lors de son tout premier E3, ce format proposait aux spectateurs de découvrir l’envers du décor du plus grand salon mondial du jeu vidéo. Entre coulisses, aléas techniques et rencontres inopinées, son rôle était de dévoiler la face cachée d’un événement souvent idéalisé.

Parmi les nombreuses éditions couvertes, celle de 2018 reste la plus marquante. Cette année-là, l’équipe réalise une prouesse technique grâce à un boîtier Aviwest, permettant de diffuser un flux vidéo en direct, malgré la saturation totale du réseau sur place.

Il nous raconte : « D’abord, l’Inside E3 qui, chaque année, proposait aux spectateurs de suivre les coulisses du plus grand salon de jeu vidéo au monde. On y filmait l’équipe, les déconvenues, les galères, les moments de fatigue, les imprévus : tout le côté backstage que les joueurs ne voient pas lorsqu’ils lisent nos articles et regardent nos vidéos.

Le rendez-vous a eu plusieurs formats, tantôt monté, tantôt tourné/monté voire medley quotidien des rushs “vlog” de l’équipe, tournés au smartphone et envoyés aux monteurs qui les centralisaient et montaient par-dessus…

Mais, je dois dire que notre plus grande année pour le format est celle de 2018 durant laquelle on a tenu des duplex, depuis le Convention Center, grâce à un setup totalement dingue. On utilisait un Aviwest, une sorte de boîtier avec une dizaine de clé 4G qui maximisent le signal envoyé. Là-bas, la connexion est normalement saturée dans le bâtiment, et nous étions les seuls à transmettre en direct un flux limpide, permettant de prendre l’antenne en duplex et de s’intégrer durant les émissions quotidiennes que JVCOM diffusait depuis Paris pendant l’E3. »

Ce dispositif, inédit à l’époque, permet à l’équipe de proposer un accès direct aux stands, en pleine effervescence.

« Littéralement, on arrivait sur les stands, on disait “bonjour, regardez, il y a 25K viewers, vous voulez nous montrer un truc ? On est en duplex dans 5 minutes”. À la technique, ma collègue Iah assurait le flux, le son, le cadrage, et le retour régie, quant à moi, facecam, je présentais et interviewais des développeurs, en anglais, participais aux démos. Le tout, en ayant une oreillette reliée au plateau pour transmettre les questions des spectateurs. Je ne me suis jamais senti aussi “utile” au travail que dans ces moments-là, à déployer au maximum mes compétences pour fournir quelque chose que le public ne voyait littéralement nulle part ailleurs. Autant dire que l’année suivante, tout le monde avait capté l’astuce, et se ramenait au salon avec les mêmes boîtiers pour faire des duplex. »

 

AfterWork : un projet communautaire devenu culte

Autre projet marquant : AfterWork, lancé à l’époque où la rédaction était encore basée à Aurillac. L’idée est simple : après le travail, l’équipe se retrouve pour des sessions de jeu en coopération, filmées puis montées pour être diffusées.

Si l’ambiance paraît détendue à l’écran, la réalité des coulisses était bien différente, entre longues soirées de tournage et défis techniques.

« L’autre format qui m’a le plus marqué, c’est le format AfterWork, un programme lancé lorsque nous étions à Aurillac. Le concept était simple : après le travail, on joue en coop, et on monte nos sessions let’s play pour les diffuser chaque semaine au public. Un travail gargantuesque pour Iah, notre monteuse, qui dérushait et compilait des tonnes de rushs chaque semaine, parfois sur des jeux buggés où nous n’arrivions pas à nous retrouver pour démarrer le tournage.

C’est à la fois une des pires galères de ma carrière (car on y passait parfois 3 à 4 soirées complètes pour les tournages, en plus de nos heures) mais c’est aussi l’un des formats les plus appréciés de la communauté à l’époque. Une vraie fierté et un format toujours très plaisant à revoir, même 10 ans plus tard. »

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Le journalisme jeu vidéo face aux mutations du secteur

Dix ans de bouleversements dans la presse jeu vidéo

Depuis son arrivée dans la rédaction de Jeuxvideo.com, Yohan Bensemhoun a vu le journalisme vidéoludique évoluer en profondeur. La transition vers les contenus vidéo, l’explosion des réseaux sociaux et l’omniprésence des algorithmes ont profondément modifié la manière dont l’information circule.

Il revient sur cette évolution sans détour : « Je pense que c’est un secret pour personne si je dis que le milieu est devenu extrêmement rude. À mon arrivée en 2012 j’entendais déjà que c’était “la fin de la presse web”, et j’ai constaté les réductions d’effectif et les fermetures de site.

La consommation de l’info a évolué et là où, il y a encore 10 ans, on avait souvent tendance à se rendre sur les sites pour y trouver de l’actualité, aujourd’hui les statistiques montrent que cet usage est révolu. »

Face à ces mutations, il prône une approche tournée vers l’adaptation et l’innovation, plutôt que vers la nostalgie : 

« Il faut donc composer avec les algorithmes, le SEO, et tout un tas de variables qui n’étaient pas à prendre en compte autrefois. Je pense que peu importe le secteur, lorsque les choses changent, on a tendance à voir ça d’un œil négatif, mais la réalité c’est que chaque métamorphose offre de nouvelles possibilités, il suffit de les saisir et de s’adapter. »

Il identifie d’ailleurs clairement les deux grandes ruptures de la dernière décennie : la montée en puissance de la vidéo, et l’omniprésence des réseaux sociaux.

« Le virage vidéo, le virage réseaux sociaux, voilà déjà deux métamorphoses qu’a subies la presse JV en 10 ans. Quelle sera la prochaine ? Mon petit doigt me dit que l’IA risque de changer la donne… »

 

Le regard nuancé sur les créateurs de contenu

L’essor des créateurs de contenu indépendants, devenus incontournables dans l’écosystème médiatique du jeu vidéo, fait partie des évolutions qui ont bousculé les repères traditionnels, et modifié les modèles économiques et les attentes du public.

Yohan Bensemhoun livre ici une analyse sans langue de bois, soulignant les paradoxes de cette nouvelle réalité :

« Naturellement, j’ai été beaucoup impacté par l’arrivée de ces profils. D’abord négativement, car à mon sens, c’est compliqué de tenir une neutralité lorsqu’on est principalement rémunéré par les contrats de sponsoring.

Certains diront qu’une rédaction de jeu vidéo, c’est pareil, mais la réalité c’est que bien souvent, il y a des “fusibles” qui sécurisent la rédaction face aux choix et intérêts des pôles commerce et marketing.

Pour un créateur indépendant, tout est souvent géré par la même personne, ce qui rend l’objectivité plus difficile en théorie… La réalité du terrain, en 2025, c’est qu’au final le public s’en moque un peu, ou n’y prête pas attention… »

 

Une source d’inspiration… et de transformation

Malgré ces limites, il reconnaît aussi l’impact extrêmement positif des créateurs de contenu sur la profession elle-même. Leur capacité à créer des formats originaux et à maîtriser toute la chaîne de production a redéfini les compétences attendues chez les journalistes spécialisés.

« Ça, c’est pour le côté négatif, mais l’immense côté positif, c’est qu’on a élevé toute une génération à la création indépendante : à la tâche fantastique de créer son propre contenu. Sourcer, écrire, tourner, monter, gérer toute la chaîne de production, et je trouve ça génial.

C’est une concurrence qui a fortement impacté le journalisme jeu vidéo, aussi bien sur le ton, que sur les compétences à déployer. Je ne serais pas autant “multicasquette” si les créateurs de contenu ne nous avaient pas prouvé qu’il est tout à fait possible de faire plusieurs jobs avec brio… »

À ses yeux, cette évolution a permis d’ouvrir de nouvelles perspectives, à la fois pour les médias traditionnels et pour les passionnés souhaitant se lancer en solo.

« Sans eux, le milieu du journalisme jeu vidéo serait encore (plus) coincé et compartimenté. Et puis, de vous à moi si, en plus, on peut en vivre en mariant passion, sponsoring, et légitimité critique… c’est le meilleur des deux mondes ! »

Ces évolutions ont aussi un impact direct sur la manière dont les journalistes abordent leur mission : il ne suffit plus de produire du contenu de qualité, encore faut-il parvenir à susciter l’intérêt d’un public qui ne cherche plus vraiment l’information, mais qui la laisse venir à lui.

Yohan Bensemhoun le reconnaît sans détour :

« Le jeu vidéo c’est toujours la même chose » : c’est probablement ce qui me révulse le plus dans ce milieu. Le grand public s’intéresse généralement qu’à une poignée de jeux, souvent les mêmes séries, mais pourtant, il se plaint régulièrement de la répétitivité des sorties, et de la ressemblance flagrante entre les différents blockbusters… 

Pourtant, le gaming n’a jamais été aussi diversifié et varié qu’aujourd’hui, le seul problème est que le grand public ne s’y intéresse pas. C’est notre taf, journalistes et créateurs de contenu, de faire découvrir les pépites et les jeux qui méritent un coup de projecteur, le souci est que bien souvent, cela n’attire personne… »

Un constat qui illustre à quel point le journalisme jeu vidéo reste un exercice exigeant, entre passion, pédagogie et parfois frustration.

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Conseils aux futurs journalistes : oser, apprendre et s’adapter

Lancer sa propre dynamique

Lorsqu’on lui demande quels conseils il donnerait aux étudiants ou aux aspirants journalistes, Yohan Bensemhoun répond sans détour : il faut apprendre à se débrouiller seul, et le plus tôt possible.

Il insiste sur l’importance de se confronter concrètement aux outils et aux formats, pour mieux comprendre les réalités du métier.

« Lancez-vous en solo aussi tôt que possible, vous développerez toutes les compétences nécessaires pour travailler efficacement, et plus encore ! Qui sait, peut-être que vous trouverez un modèle économique adéquat, en financement communautaire, ou en salariat. »

Mais il ne cache pas les difficultés du secteur, ni la rareté des postes dans les rédactions traditionnelles. Un rappel utile pour les étudiants, souvent tentés de rêver un peu trop vite d’une carrière dans la presse vidéoludique.

« Cependant, si vous m’avez bien lu jusque-là, vous le savez : le milieu est aride en matière de postes en rédaction. »

 

Des compétences clés pour durer

Pour espérer faire sa place dans cet univers compétitif, il identifie deux qualités essentielles : la curiosité et l’adaptabilité. Selon lui, un bon journaliste doit sans cesse être prêt à élargir ses horizons, à expérimenter, et à s’adapter aux évolutions rapides du secteur.

« La curiosité et l’adaptabilité me semblent être les deux qualités dont un bon journaliste a besoin aujourd’hui. »

Au-delà des qualités humaines, il conseille aussi de se former très tôt aux outils qui vont transformer le métier, au premier rang desquels l’intelligence artificielle. Pour lui, la question n’est pas de la craindre, mais de l’intégrer intelligemment à sa pratique professionnelle.

« En matière de compétences, je dirai qu’il faudrait, au plus tôt, se pencher sur les évolutions du métier, notamment l’IA : faites-en un outil, pour ne pas qu’elle vous remplace. »

 

L’importance d’être polyvalent et efficace

Enfin, il met l’accent sur une compétence de plus en plus précieuse : la capacité à créer des formats courts, percutants et bien montés. Un savoir-faire devenu indispensable, notamment sur les réseaux sociaux, où l’efficacité prime.

« Aussi, de manière assez évidente, la rédaction, l’incarnation, et le montage de contenus courts me semblent être un très bon exercice pour s’entraîner à être concis et efficace. Une qualité de plus en plus recherchée sur le secteur car très mise en valeur par les algorithmes. »

 

Un métier exigeant, mais toujours passionnant

Malgré les défis et les incertitudes, Yohan Bensemhoun conserve un regard lucide mais enthousiaste sur sa profession. Entre passion, polyvalence et remise en question permanente, il continue à voir dans le journalisme vidéoludique un métier stimulant, à condition d’en accepter les contraintes.

Conclusion

À travers son parcours et son regard sur le métier, Yohan Bensemhoun rappelle une chose essentielle : le journalisme jeu vidéo est un secteur en constante évolution, où la passion ne suffit pas. Polyvalence, curiosité et capacité d’adaptation sont devenues des qualités indispensables pour y faire sa place.

Son témoignage montre aussi qu’il n’existe pas de voie toute tracée. Qu’il s’agisse de créer ses propres contenus, de rejoindre une rédaction ou d’explorer de nouveaux formats, l’essentiel reste d’être prêt à apprendre, à expérimenter, et à s’adapter à un milieu qui change vite. 

Un métier exigeant, mais qui, pour ceux qui en acceptent les règles du jeu, reste profondément stimulant.

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