Technicien plateau

Métier

Après sept ans d’exercice dans le domaine de l’audiovisuel pur, en tant que technicien plateau sur des films et des téléfilms essentiellement, Nolan Jarreau a saisi une opportunité de diversifier son terrain de jeu. Aujourd’hui, il continue à intervenir sur des fictions audiovisuelles, mais rejoint aussi très régulièrement les équipes de captation de compétitions et événements e-sport. Il y trouve « une manière de fonctionner différente et une autre dynamique ».

Comme dans l’audiovisuel classique, le rôle du technicien plateau sur un événement e-sport consiste à « assurer la mise en place (c’est l’avant), la gestion technique (le pendant) et aussi la maintenance (l’après, essentiellement) de tous les équipements audiovisuels qui vont servir à la captation. Le but, c’est de réunir toutes les conditions pour qu’on ait du vrai spectacle, en aportant le meilleur de la technologie. Ça ne veut pas forcément dire la dernière caméra pro du marché ; ça veut surtout dire s’assurer que le matériel dont on dispose est dans le meilleur état possible, avec les meilleurs réglages, pour pouvoir utiliser le maximum de ses capacités ».

Pour Nolan Jarreau, le poste est peut-être « encore un peu plus exigeant sur les événements e-sport car il faut être extrêmement réactif. Bien sûr, c’est lié d’abord et avant tout au fait que l’on a affaire à du direct. Mais, sur ce type de compétitions, il y a aussi une charge émotionnelle très spécifique : des réactions à ne pas manquer, du côté des joueurs mais aussi du public, une ambiance de tension propre au jeu vidéo, une concentration et une énergie qui ne se relâche pas vraiment. Au final, pour nous aussi les techniciens, c’est un peu plus fatiguant ! ». Plus que sur un plateau télé, le technicien est en effet au cœur de l’action, « une action très soutenue ». « Il faut mettre tous les outils à disposition pour pouvoir aller capturer les bonnes réactions au bon moment, pour rendre toute la dimension ‘spectacle’ et faire en sorte que ce ne soit pas quelque chose de mou à regarder, mais quelque chose de captivant », insiste Nolan Jarreau, qui remplit ses contrats sous statut d’intermittent du spectacle.

Missions

Lorsqu’il est spécialisé dans les événements de gaming et d’e-sport, le technicien plateau joue un rôle central dans l’organisation et la production des compétitions direct. Il intervient sur la mise en place, la gestion et le bon fonctionnement des équipements techniques pour offrir une expérience immersive et fluide aux spectateurs et participants.

Voici ses missions principales :

1. Préparation et installation des équipements

• Montage du plateau : Installation des caméras, micros, écrans, et autres matériels audiovisuels pour capturer et diffuser les compétitions. 
• Configuration du réseau local (LAN) : Mise en place des connexions réseau indispensables pour les parties en ligne, les flux vidéo, et les overlays (superpositions graphiques). 
• Éclairage : Mise en place et ajustement des éclairages pour mettre en valeur les joueurs, les casters (commentateurs) et les éléments scéniques. 
• Vérification des postes joueurs : S’assurer que les ordinateurs, consoles, et périphériques sont opérationnels et conformes aux exigences des compétitions. 

2. Gestion des flux audio et vidéo

• Supervision des caméras : Gérer les angles de prise de vue pour capturer les actions des joueurs, les réactions du public, et les interventions des présentateurs. 
• Sonorisation : Configurer les micros des joueurs, casters et animateurs pour garantir une qualité sonore optimale sans interférences. 
• Synchronisation des flux : Coordonner les sources vidéo (jeu, caméra, animations) et audio pour un rendu en temps réel fluide. 

3. Support technique pendant l’événement

• Résolution des problèmes techniques : Intervenir rapidement en cas de dysfonctionnement (panne réseau, problème audio/vidéo, crash d’un poste joueur). 
• Adaptation en direct : Réagir aux changements de programme ou aux imprévus en ajustant les équipements ou le plateau. 
• Assistance aux équipes : Fournir un support technique aux joueurs, casters et organisateurs. 

4. Contribution à la diffusion en ligne

• Coordination avec les équipes de streaming : Travailler avec les réalisateurs et techniciens en charge de la diffusion live sur des plateformes comme Twitch, YouTube ou Facebook Gaming. 
• Gestion des overlays et animations graphiques : Assurer l’affichage en direct des scores, statistiques et autres informations clés. 
• Test des flux : Vérifier que les flux sont stables, synchronisés et adaptés aux formats de diffusion (HD, 4K). 

5. Gestion logistique et post-production

• Démontage et entretien des équipements : Assurer le rangement et la maintenance du matériel après l’événement. 
• Reporting : Communiquer avec les organisateurs pour évaluer les points techniques à améliorer pour les futurs événements. 

6. Sécurité et conformité

• Respect des normes de sécurité : Veiller à la sécurité des installations électriques, du câblage, et des zones de circulation sur le plateau. 
• Tests préliminaires : Vérifier les installations avant l’événement pour éviter tout dysfonctionnement en direct. 

Les responsabilités du Technicien plateau

Pour Nolan Jarreau, « la responsabilité générale du technicien plateau, c’est de faire en sorte que tout se passe bien pendant le live. La formulation est simple, mais c’est exactement ce qu’on attend de nous.

Si on entre dans le détail, notre responsabilité, c’est de parfaitement préparer le terrain, c’est-à-dire le plateau, pour que tous les outils soient là et à la bonne place pour filmer tout ce qu’on veut filmer dans les meilleures conditions, sans rien manquer d’essentiel, sans blocages, sans frustration, sans gêne entre technicien.

Notre responsabilité, c’est être un couteau-suisse du matériel audiovisuel pendant le tournage, intervenir à droite à gauche pour que la captation soit fluide, impeccable. C’est être un peu partout, réactif, disponible à tout moment ».

Compétences

Un technicien plateau intervenant principalement dans le domaine de l’e-sport doit posséder une combinaison de compétences techniques et interpersonnelles spécifiques afin répondre aux exigences des événements en direct, souvent complexes et dynamiques. Voici les principales compétences nécessaires :

1. Compétences techniques :

Maîtrise des équipements audiovisuels

• Caméras et prises de vue : Connaissance des réglages et de l’installation des caméras, y compris les stabilisateurs et les caméras PTZ (pan-tilt-zoom), fréquemment utilisées pour capturer l’action en direct ;
• Microphones et sonorisation : Installation et gestion des micros pour les joueurs, commentateurs et présentateurs, en assurant une qualité sonore optimale ;
• Éclairage : Compréhension des concepts d’éclairage (diffusion, intensité, couleurs) pour mettre en valeur les scènes et les participants. 

Réseaux et technologies de diffusion

• Streaming en direct : Connaissance des logiciels de diffusion comme OBS, vMix ou Wirecast pour coordonner la transmission en temps réel vers des plateformes comme Twitch ou YouTube ;
• Gestion des réseaux locaux (LAN) : Configuration et dépannage des connexions réseau essentielles pour les compétitions et la diffusion. 

Technologie spécifique à l’e-sport

• Intégration des overlays : Connaissance des outils graphiques et des overlays spécifiques à l’e-sport pour afficher les scores, les statistiques, ou les commentaires en direct ;
• Synchronisation des signaux vidéo et audio : Coordination entre les sources des jeux, les caméras des joueurs et les flux des présentateurs. 

2. Compétences organisationnelles :

Gestion de la logistique

• Mise en place rapide et efficace du plateau en fonction des contraintes techniques et artistiques ; 
• Coordination avec les équipes de production pour s’assurer que tous les équipements sont installés et fonctionnent correctement avant le début de l’événement. 

Anticipation et réactivité

• Capacité à résoudre rapidement des problèmes techniques, tels que des pannes de matériel ou des décalages audio/vidéo, souvent sous pression. 

3. Compétences interpersonnelles :

Travail en équipe

• Collaboration étroite avec les réalisateurs, les casters (commentateurs), les organisateurs d’événements et les techniciens pour s’assurer que tout fonctionne harmonieusement. 
• Capacité à communiquer efficacement pour gérer les imprévus. 

Adaptabilité

• L’e-sport est un domaine en constante évolution. Le technicien plateau doit rester flexible face aux nouvelles technologies et aux demandes variées des productions. 

4. Compétences en sécurité et maintenance :

• Connaissance des normes de sécurité sur le plateau (câblage, installation des équipements) pour prévenir les accidents ;
• Entretien et dépannage des équipements pour garantir leur fiabilité. 

Qualités

« Pour être un bon technicien de plateau, les qualités sont assez évidentes : il s’agit d’être organisé, avant tout. Il faut savoir être proactif de manière intelligente. Cela veut dire répondre très précisément aux demandes du réalisateur et de tous ceux qui vont s’activer sur le tournage, sans trop improviser, sans s’écarter des demandes, mais savoir aussi prendre les devants sur des petits détails qu’ils auront pu oublier », explique Nolan Jarreau.

« Il y a tout un tas de petits réglages et de petits équipements que le reste de l’équipe n’a pas forcément en tête et c’est votre boulot à vous d’y penser. Dans l’ensemble, ce métier, c’est savoir se mettre au service de ».

Niveau d’études nécessaire

Pour devenir technicien plateau, un niveau Bac à Bac+2 est généralement requis, avec des formations spécifiques dans le domaine de l’audiovisuel, des techniques de spectacle ou éventuellement de l’événementiel.    

Formation

Nolan Jarreau est très clair : « Un Bac professionnel ou un BTS Métiers de l’Audiovisuel offre une voie directe pour devenir technicien plateau. C’est le parcours évident. Cependant, c’est aussi et surtout à travers l’expérience pratique sur les plateaux et les événements qu’on va acquérir les savoir-faire et les automatismes. On est sur un métier technique et polyvalent : ce n’est qu’en mettant les mains dans le cambouis qu’on devient vraiment opérationnel ».

Voici un résumé des principales options de parcours envisageables :

1. Niveau Bac

• Baccalauréat Professionnel Métiers de l’audiovisuel et du spectacle :
  • Cette formation offre une base technique pour apprendre les fondamentaux de la prise de vue, de la lumière, et de l’installation des équipements scéniques. 
  • Adaptée pour intégrer rapidement des productions en tant qu’assistant ou technicien débutant. 
• Bac général ou technologique (STI2D, STD2A) :
  • Bien que moins spécialisé, un bac technologique peut permettre d’accéder à des formations supérieures en audiovisuel ou spectacle. 

2. Niveau Bac +2

• BTS Métiers de l’Audiovisuel (option Métiers de l’image ou Métiers du son) :
  • Une formation technique qui permet de maîtriser les aspects pratiques de l’audiovisuel, y compris l’installation et l’entretien des équipements. 
  • Cette option est idéale pour les techniciens souhaitant se spécialiser dans les plateaux de télévision, cinéma ou événements. 
• DUT Techniques de Commercialisation (TCom) ou Métiers du Multimédia et de l’Internet (MMI) :
  • Bien que moins spécifique, ces formations offrent des bases en gestion de projets techniques et en production multimédia. 
• Diplôme de technicien des métiers du spectacle (DTMS) :
  • Spécialisation en techniques de plateau, d’éclairage, ou de sonorisation pour les événements et spectacles vivants. 

3. Formations complémentaires et autodidactes

• Certifications techniques : Apprentissage de logiciels et outils spécifiques, comme OBS pour le streaming ou des technologies liées à l’éclairage et la sonorisation. 

Les entreprises qui recrutent

Pour décrocher des missions de technicien plateau sur des événements e-sport, on pourra s’adresser en priorité :

• aux agences d’événementiel organisant des événements e-sport, comme Webedia, ESL Gaming ou ZQSD Productions ;
• aux grands studios susceptibles de promouvoir leurs jeux à travers des événements, notamment Ubisoft, Dontnod, Quantic Dream et Asobo Studio ;
• aus studios indépendants comme Motion Twin ou Arkane Studios ;
• mais aussi aux plateformes et aux éditeurs : Focus Entertainment, Ankama, Bandai Namco Europe, par exemple.

Il peut être utile de consulter des plateformes comme l’AFJV (l’Agence Française pour le Jeu Vidéo) ou Gaming Jobs pour repérer des annonces spécifiquement axées sur l’e-sport.

Salaire

« La question qu’on me pose souvent, c’est s’il y a une différence de salaire significative entre un technicien plateau qui travaille sur des films ou des séries et un technicien plateau qui va vers l’e-sport ? Il y a parfois un petit bonus par rapport aux bases de rémunération qui sont fixées dans l’audiovisuel. Ça, c’est quand un studio organise un gros événement et qu’il y a une espèce d’enthousiasme général qui fait qu’on est plus large dans les dépenses. Mais, en règle générale, les organisateurs puisent dans le vivier de techniciens qui sont dans tous les fichiers de l’audiovisuel. Et ils s’alignent plus ou moins sur les tarifs habituels », explique Nolan Jarreau.

« Forcément, quand vous travaillez sur une journée ou une demi-journée pour un événement e-sport, on va vous proposer une rémunération horaire un peu plus importante que pour un téléfilm qui est tourné sur 21 jours. Mais si on compare l’événement e-sport à une émission télé unitaire, par exemple, on retrouve à peu près les mêmes tarifs ».

Mais quels sont-ils ? En moyenne, le tarif à la journée pour un technicien plateau (intermittent ou en freelance) se situe entre 150 et 250 euros la journée. Le curseur est adapté selon le degré d’ancienneté du professionnel et son expérience, mais aussi l’importance de l’événement à couvrir et, par conséquent, le budget disponible.

Même si les techniciens plateau bénéficient encore rarement de contrats fixes liés à des sociétés gérant des événements e-sport, on peut estimer la fourchette de salaire moyenne à :

• 1 800 à 2 200 euros bruts par mois pour un profil débutant ;
• 2 500 à 3 500 euros bruts par mois pour un profil confirmé.

Évolution de carrière

Un technicien plateau peut évoluer selon plusieurs axes au cours de sa carrière, selon ses envies, ses capacités et ses priorités. Voici les principales pistes envisageables :

1. Évolution technique

• Chef opérateur plateau : Il supervise les équipes techniques sur le plateau, s’assure de la bonne installation et du fonctionnement des équipements (caméras, éclairages, son). 
• Régisseur général : Il est responsable de la coordination technique et logistique d’une production, notamment pour les événements en direct ou les tournages complexes. 
• Technicien spécialisé : Avec des compétences pointues, un technicien plateau peut se spécialiser dans des domaines spécifiques comme l’éclairage, la sonorisation, ou les effets spéciaux en temps réel. 

2. Postes créatifs

• Réalisateur technique : Le professionnel qui a largement fait ses preuves peut aspirer à un des plus hauts postes de captation. En tant que réalisateur technique, il devient responsable des aspects visuels et techniques de la captation, en collaboration avec les équipes artistiques et de production. 
• Cadreur professionnel : Il est possible de développer une expertise dans la prise de vue, avec la perspectibe de travailler sur des productions haut de gamme, du cinéma ou de la télévision. 
• Directeur artistique technique : Il combine connaissances techniques et vision artistique pour superviser l’ensemble des éléments visuels et techniques d’un projet. 

3. Rôles dans l’événementiel et l’audiovisuel

• Responsable de production : Il pllanifie et gère les aspects organisationnels et techniques d’une production audiovisuelle ou d’un événement. 
• Responsable de diffusion ou de streaming live : Il gère les flux vidéo et audio pour des événements en ligne, un domaine en plein essor, notamment avec l’e-sport et les conférences virtuelles. 
• Spécialiste en captation 3D ou réalité virtuelle (VR) : Il s’agit de se spécialiser dans les technologies innovantes, particulièrement utilisées pour des événements immersifs ou interactifs. 

Les avantages et inconvénients

« Je l’ai déjà évoqué : la grande difficulté, quand on travaille sur du direct et de l’e-sport en particulier, c’est de tenir sur la durée du live – parce qu’on est quand même, en général, sur des compétitions qui peuvent durer trois heures, cinq heures, sept, dix ! Et c’est extrêmement animé pendant toute la durée de l’événement : il faut être constamment en action pour répondre aux besoins de toute l’équipe de tournage et capter en permanence ce qui se passe du côté des joueurs, ne manquer aucun tournant décisif dans le jeu, aucune réaction qui a un intérêt visuel… C’est un petit marathon pour nous aussi ! », insiste Nolan Jarreau.

« Le grand avantage que je vois, c’est que l’e-sport permet vraiment de sortir des circuits assez classiques des tournages de film et des émissions télé. On voit autre chose, une autre dynamique. Cela fait près de deux ans que j’ai ajouté ce nouveau type de mission dans ma pratique et je ressens encore l’effet ‘sortir de la routine’. C’est très vivant, c’est nouveau, il devrait y avoir pas mal de choses qui se passent dans les arènes d’e-sport avec la montée en puissance de l’Intelligence Artificielle et d’autres technologies, et on sera au premier plan pour voir tout ça. J’ai l’impression moi aussi de profiter du spectacle, même si je suis à mille à l’heure ».