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Métiers

Chargé de post-production

Quand on pense à la conception de jeu vidéo, on imagine un vivier de talents pris dans une énergie créatrice en ébullition.

Si l’étape de production est en effet un moment crucial et passionnant, la gestion qui suit est tout aussi décisive.

Elle voit intervenir un ou plusieurs référents indispensables : les chargés de post-production.

Mais quel est exactement leur rôle ? Quelle est la part de leur apport créatif et la dimension purement logistique et organisationnelle du métier ? Comment aborder par ailleurs ces fonctions en ayant la certitude d’apporter toute la qualité attendue ?

 

Kevin Picciau
Par Kevin Picciau
Fiche métier mise à jour le
Fiche Métier Lead Programmeur

 

Niveau d’études : Bac +3
Filières conseillées : Art numérique, 3D, jeu vidéo
Employabilité : Très bonne
Salaire débutant : 2 500 €
Salaire confirmé : 5 000 €
Mobilité : Très bonne
Code ROME : L1504, Réalisation de contenus multimédia
Code FAP : 293a: Professions intermédiaires des arts et du spectacle

Métier

Joël Picart a été chargé de post-production chez Ubisoft pendant près de trois ans, avant de migrer vers une plus petite structure à Bordeaux. Il explique : « Pour dire les choses de manière simple, le chargé de post-production dans le domaine du jeu vidéo est responsable de la finalisation technique et visuelle d’un projet. C’est un métier qui a des implications assez différentes de celles qui se dégagent quand on est chargé de post-prod dans l’audiovisuel, à mon sens. Bien sûr, on retrouve toutes les petites tâches sur le son et l’image, mais nous, dans le vidéo, on a des défis un peu plus complexes sur les questions de format. Il y a davantage de vérifications techniques à faire, avec davantage de chances de commettre des erreurs. Cela explique en grande partie pourquoi on est sur des bases de salaire plus élevées que dans l’audiovisuel ».

Notons que le chargé de post-production dans le jeu vidéo ne veille pas seulement à l’intégration – cohérent – d’éléments audio et visuels : il a également la charge d’intégrer des éléments interactifs, propres aux logiques de gaming.

Ce professionnel joue par ailleurs un rôle essentiel dans l’optimisation des performances, le rendu visuel et la correction des défauts. « Pour mener au mieux cette tâche, il faut travailler en étroite collaboration avec les équipes de développement, de design et de production. Ça fait pas mal de monde : ça implique d’avoir de bonnes aptitudes aux relations interpersonnelles, mais aussi une bonne mémoire et un bon esprit de synthèse ! », précise Joël Picart.

Missions

Le chargé de post-production remplit plusieurs missions clés, notamment dans les champs suivants :

 

1. Gestion technique et artistique :

  • Intégration des éléments graphiques et sonores dans le moteur du jeu ;
  • Finalisation des effets visuels (VFX) et des animations ;
  • Amélioration de la fluidité des transitions et du rendu global.

2. Optimisation :

  • Analyse des performances du jeu et résolution des problèmes de lag, de bugs ou de latence ;
  • Compression et optimisation des fichiers pour assurer leur compatibilité avec les plateformes.

3. Coordination :

  • Collaboration avec les équipes de développement, designers et artistes pour assurer la cohérence entre les différentes étapes de production ;
  • Gestion des deadlines et coordination avec les chefs de projet. 

4. Tests et validation :

  • Conduite de tests finaux pour s’assurer que le produit répond aux attentes des joueurs et aux standards techniques ;
  • Supervision des corrections après retours clients ou internes.
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Les responsabilités du Chargé de post-production

« J’ai la main sur un certain nombre de points. C’est à moi de vérifier que la version finale du jeu est optimisée pour toutes les plateformes qui nous intéressent : consoles, PC, mobile… Et c’est aussi moi qui veille à la conformité des standards techniques comme la résolution, le frame rate et toutes les questions de compatibilité matérielle.

Sur de nombreux points, l’équipe est dans une logique de collaboration. Mais si quelque chose ne va pas sur un des points que j’ai mentionnés, il en va de ma responsabilité. C’est en ce sens que je dis que j’ai la main », explique Joël Picart.

« C’est aussi à moi d’anticiper et de résoudre les problèmes potentiels avant la sortie du jeu. À moi d’essayer de le déceler, même si je peux compter sur le regard technique du reste de l’équipe. Sur un plan plus posé, je vais superviser l’intégration et le rendu final des assets graphiques et audio, en faisant bien attention à peaufiner tous les petits détails avec les équipes ».

Compétences

Voici les principales compétences requises pour un chargé de post-production spécialisé dans le jeu vidéo :

1. Compétences techniques

  • Moteurs de jeu : Maîtrise des moteurs de jeu comme Unity, Unreal Engine, ou CryEngine pour intégrer les assets et ajuster les paramètres techniques. 
  • Logiciels de post-production
    • Outils de montage vidéo : Adobe Premiere Pro, Final Cut Pro. 
    • Outils d’effets visuels : Adobe After Effects, Houdini, Nuke. 
    • Logiciels 3D : Maya, 3ds Max, Blender, ZBrush. 
  • Programmation et scripts : Connaissance de bases en scripting (Python, C#, Lua) pour automatiser certaines tâches et résoudre des problèmes techniques. 
  • Optimisation technique : Savoir analyser et résoudre des problèmes de performance comme le frame rate, le rendu ou les bugs visuels. 
  • Pipeline de production : Compréhension approfondie des pipelines de production pour garantir un workflow fluide entre les départements. 

 

2. Compétences organisationnelles

  • Gestion de projet : Planifier et respecter les deadlines en coordonnant les équipes. 
  • Coordination inter-équipes : Travailler en étroite collaboration avec les développeurs, les artistes, les designers sonores et les testeurs. 
  • Suivi de production : Savoir superviser les différentes étapes de la post-production et effectuer un contrôle qualité rigoureux. 

 

3. Compétences analytiques

  • Détection des anomalies : Être capable d’identifier les erreurs, les bugs et les incohérences dans les assets ou les séquences de jeu. 
  • Test et validation : Effectuer des tests finaux et ajuster les éléments pour s’assurer qu’ils répondent aux standards de qualité. 

 

4. Compétences créatives

  • Sens esthétique : Compréhension des principes de composition, de lumière, de texture et d’animation pour assurer un rendu visuel de haute qualité.
  • Création et amélioration d’effets visuels (VFX) : Capacité à enrichir les environnements, les personnages ou les cinématiques avec des effets spéciaux.

Qualités

« Une organisation méthodique, c’est la première qualité chez un chargé de post-prod : elle sera largement appréciée par toutes les équipes qui travaillent autour du jeu, mais aussi par le chargé de post-prod lui-même parce que, sans ça, il s’expose à tous les problèmes possibles. Être organisé, c’est ne manquer aucun point de détail, éviter de dépasser les délais, éviter les reproches des collaborateurs, éviter de gâcher le travail qui a été fait en amont avec des mauvaises décisions de dernière minute… Bref, c’est rendre la vie beaucoup plus facile à tout le monde – et promettre aussi une belle vie au jeu ! », explique Joël Picart.

De cette observation découlent d’autres qualités évidentes : la rigueur, la réactivité et le sens de la communication sont essentielles pour réussir en tant que chargé de post-production. « Au quotidien, on échange avec plein de talents et de départements différents. Il faut donc pouvoir transmettre les questions et les messages vite et bien », précise Joël Picart.

Enfin, il est impossible de faire l’impasse sur la créativité et le sens esthétique.

Niveau d’études nécessaire

Un Bac +3 est souvent requis pour ce poste. Certaines entreprises privilégient cependant les profils expérimentés ou autodidactes avec un solide portfolio.

Formation

Pour devenir chargé de post-production spécialisé dans le jeu vidéo, il est nécessaire de suivre une formation qui combine des compétences en gestion de projet et en techniques de post-production, tout en intégrant les processus et outils spécifiques à l’industrie du jeu vidéo. Voici les étapes typiques pour y parvenir :

1. Études initiales

  • Bac recommandé
    • Bac général avec spécialités en sciences numériques, mathématiques ou arts ;
    • Bac technologique STI2D (sciences et technologies de l’industrie et du développement durable), option IT (innovation technologique) ;
    • Bac professionnel avec orientation en audiovisuel ou numérique. 

 

2. Formations de base post-bac

Diplômes universitaires généralistes ou spécialisés :

  • Licence en informatique ou en multimédia : pour développer des bases solides en technologie et en gestion de données ;
  • Licence en audiovisuel ou cinéma : pour apprendre les techniques de post-production (montage, effets visuels, gestion de flux de travail) ;
  • Licence en design numérique ou création numérique : pour acquérir des compétences en graphisme et en gestion de projets multimédias. 

 

Formations spécialisées :

  • BTS Métiers de l’Audiovisuel, option post-production : très utile pour comprendre le montage, le sound design et les outils logiciels spécifiques ;
  • DUT Métiers du Multimédia et de l’Internet (MMI) : pour combiner gestion de projets multimédias et apprentissage technique. 

 

  1. Formations spécifiques au jeu vidéo

Des écoles ou des programmes spécialisés en jeu vidéo sont particulièrement pertinents :

  • Bachelor Jeu Vidéo : Ce cursus enseigne la gestion de projets de jeux vidéo, la création numérique, et parfois la post-production ;
  • Formation en Game Design ou Game Art : pour comprendre les processus créatifs du jeu vidéo. 

 

  1. Apprentissage des outils techniques

Pour travailler en post-production, il est indispensable de maîtriser des logiciels comme :

  • Montage vidéo et son : Adobe Premiere Pro, Final Cut Pro, Pro Tools ;
  • Effets visuels : After Effects, Nuke ;
  • Production de contenu 3D : Maya, Blender, Unreal Engine, Unity ;
  • Outils de gestion de projet : Trello, Jira, ou Shotgun pour suivre les étapes de production. 

 

  1. Formations complémentaires

Certaines compétences spécifiques peuvent être acquises via des certifications ou des cours supplémentaires :

  • Certifications en gestion de projet : Agile, Scrum ; 
  • Cours spécialisés en post-production pour jeux vidéo : disponibles sur des plateformes comme Coursera, Udemy, ou LinkedIn Learning ;
  • Certifications pour outils logiciels : Autodesk, Adobe. 

Les entreprises qui recrutent

Les entreprises les plus susceptibles d’avoir des besoins en post-production en France sont les suivantes :

  • Studios de développement : Ubisoft, Dontnod, Quantic Dream, Asobo Studio. 
  • Studios indépendants : Motion Twin, Arkane Studios, Amplitudes Studios, Spider Games. 
  • Plateformes et éditeurs : Focus Entertainment, Ankama, Bandai Namco Europe. 
  • Autres prestataires : Technicolor Creative Studios.

 

Pour être informé facilement des offres en cours, on pourra consulter les pages suivantes :

  • Indeed.com ;
  • LinkedIn ;
  • Cyberjobs.fr ;
  • ou encore le site de l’Apec.

Salaire

En 2024, un chargé de post-production dans le domaine du jeu vidéo touchait en moyenne 2 500 euros bruts par mois en début de carrière. C’est plus qu’un chargé de production classique, opérant sur des projets audiovisuels, pour qui les salaires d’entrée sont situés entre 2 000 et 2 100 euros bruts.

Lorsque le chargé de production intègre une grande structure, le salaire peut atteindre jusqu’à 3 300 euros, un an seulement après la prise de poste. C’est également le cas lorsque le professionnel a accumulé une expérience significative et pertinente en dehors du champ de la post-production. 

Un profil expérimenté est associé à des salaires pouvant aller de 3 750 à 5 000 euros bruts par mois, selon l’importance du projet et la taille de la structure qui embauche.

Ainsi, le salaire annuel brut pour le chargé de post-production se situe dans une fourchette allant de 30 000 à 60 000 euros bruts.

Les plus grosses pointures du secteur, armées des meilleurs outils techniques, peuvent même exceptionnellement flirter avec des salaires dépassant les 6 000 euros bruts. C’est le cas dans les très gros studios.

Évolution de carrière

Pour Joël Picart, « l’évolution la plus naturelle – ou la plus simple – lorsqu’on a plusieurs années comme chargé de post-prod au compteur et qu’on souhaite faire un peu bouger les choses, c’est d’aller sur des postes comme ceux de responsable de production. Ça veut dire qu’on va gérer les projets de manière un peu plus complète, en prenant en main un plus grand nombre de projets à la fois. Quand on essaie de me débaucher, ce n’est pas forcément le genre de poste qu’on me propose, cependant. On me contacte plutôt pour des missions de chargé de projet multimédia. Je ne suis pas très étonné : il y a une explosion de ce genre de projets, dans le domaine éducatif notamment, et on cherche des gens un peu touche à tout, déjà à l’aise sur les outils, capables de finaliser un stop motion ou un contenu sympa, gamifié, interactif. Ce n’est pas forcément une voie que j’emprunterais : je préfère rester sur un degré de complexité technique plus élevé, avec un travail plus poussé sur le son et l’image. Et ça, il n’y a que sur du jeu vidéo pur et dur que je peux l’avoir ».

 

Parmi les autres pistes que ce professionnel confirmé évoque, il y a celles qui se basent sur davantage de spécialisation technique ou d’implication artistique. « Quelqu’un qui est très bon, qui a eu l’habitude de faire de vraies suggestions ou des ajustements lourds d’impact sur le son ou l’image va peut-être pouvoir se positionner comme directeur artistique pour un studio. C’est une évolution que j’imagine uniquement dans le studio où l’on est déjà en poste, où on sait précisément ce qu’on peut apporter et où quelqu’un a forcément constaté qu’on avait ce petit truc en plus. C’est une belle promotion et j’ai déjà vu ce genre de parcours chez Ubisoft. C’est évidemment plus simple dans ce genre de gros studios ! Après, on peut aussi avoir envie de mettre davantage les mains dans le cambouis et aller se spécialiser sur un segment technique bien défini. D’ici un ou deux ans, si je sens que je tourne en rond, il est possible que je suive une formation complémentaire pour pouvoir me proposer comme superviseur VFX. J’ai déjà préparé le terrain et ce serait quelque chose de tout à fait pertinent dans mon parcours ».

Un très bon chargé de post-production qui désire élargir ses horizons et dispose de l’énergie nécessaire peut aussi décider de lancer une activité en freelance, voire de créer son propre studio de développement de jeux.

Les avantages et inconvénients

« Ce que j’aime le plus dans mon métier, c’est que ça bouge, et dans tous les sens. Je baigne dans des équipes qui sont forcément hyper dynamiques : ça ne peut être que comme ça quand on produit des produits de divertissement, avec une grosse touche créative. Ça bouge aussi à fond sur l’écran ! On est sur de la matière vivante, moi j’aime ce foisonnement de détails, le fait que chacun apporte sa petite touche pour créer tout un monde, en réalité ! Ça me donne accès à un métier stimulant. Même s’il y a quelques tâches un peu répétitives, des points d’attention qui fatiguent un peu, il suffit de prendre un peu de recul pour retrouver du plaisir et se rendre compte qu’on a vraiment de la chance de travailler sur des projets comme ça au quotidien », explique Joël Picart avec beaucoup d’enthousiasme. « Je crois que le propre de ces métiers du jeu vidéo et de l’image en général, c’est que malgré les grosses contraintes, avec la pression, les timings serrés, c’est toujours le plaisir qui prend le dessus. C’est comme ça que moi, en tous les cas, je ressens les choses ! ».